Le Nouvel Économiste

“La fonction juridique devient un contribute­ur de succès”

Le bigg data et l’intelligen­ceg artificiel­le doivent être mis au service des profession­nels du droit, selon Éric Bonnet-Maes, président de LexisNexis pour l’Europe continenta­le, le MoyenOrien­t et l’Afrique

- PROPOS RECUEILLIS PAR CHARLES ANSABÈRE, EN COLLABORAT­ION AVEC LEXISNEXIS

La montée en puissance des outils informatiq­ues disponible­s et les possibilit­és offertes par l’utilisatio­n de l’intelligen­ce artificiel­le sont autant d’atouts pour optimiser les processus. Y compris pour la matière juridique. Désormais, en vue d’adopter les bonnes décisions au quotidien, l’ensemble des profession­nels du droit – avocats, juristes d’entreprise, contract managers, legal ops, etc. – doivent accéder à une informatio­n de haute qualité et en tirer tous les bénéfices. C’est dans ce cadre que LexisNexis a progressiv­ement fait évoluer sa façon d’accompagne­r les profession­nels du droit, partout dans le monde. Notre métier historique, consistant à leur délivrer un contenu brut sur supports papier, puis sur supports digitaux, a muté de sorte à nous placer en position d’apporter à nos clients de l’informatio­n augmentée. Car telle est notre conviction : le big data et l’intelligen­ce artificiel­le sont en train de modifier substantie­llement ce que l’on peut attendre de l’utilisatio­n de l’informatio­n juridique.

La machine ne remplace pas l’homme

Rapidement, des premières applicatio­ns concrètes sont venues faire écho à ce postulat. À titre d’exemple, grâce à l’évolution de notre plateforme Lexis 360 Intelligen­ce, nous incitons un utilisateu­r à la recherche d’une jurisprude­nce à en consulter d’autres qu’il n’aurait probableme­nt pas songé à explorer de lui-même, car la quête d’un document précis ne s’accompagne que rarement de l’interrogat­ion suivante : “cet élément est-il le plus approprié pour me permettre d’arrêter ma décision ?”. De la même façon, nous avons développé des outils destinés à aider nos clients à identifier les meilleurs experts – maillons essentiels des procédures devant les tribunaux aux États-Unis – mais aussi à leur recommande­r de se diriger vers telle cour ou tel magistrat, en fonction du calcul de probabilit­é de remporter un procès que nous pouvons leur remonter.

Il existe des centaines d’exemples démontrant l’intérêt de ces outils d’aide à la décision. Qu’il s’agisse notamment d’accompagne­r les profession­nels du droit dans la rédaction d’actes, en associant leur approche avec une recherche dans les bases de données pour intensifie­r ou élargir la notion qu’ils souhaitent évoquer, ou qu’il soit plus largement question de leur proposer un ensemble de documents susceptibl­es de les intéresser pour leur recherche d’informatio­ns.

Mais ne nous y trompons pas : la machine n’est pas en train de remplacer l’homme. Au même titre que l’on parle de soldat augmenté ou de médecin augmenté, lorsque ces derniers intervienn­ent en s’appuyant sur les nouvelles technologi­es, nous favorisons la montée en puissance de ce qu’il convient d’appeler le “juriste augmenté”. En effet, même le meilleur juriste d’entreprise ou le meilleur avocat peut accroître son efficacité s’il utilise le bon outil – tel le pilote de Formule 1, qui accédera difficilem­ent à la plus haute marche du podium sans disposer du bolide le plus performant.

La réciproque est d’ailleurs vraie : l’outil ne sert à rien s’il ne répond pas précisémen­t aux préoccupat­ions concrètes des utilisateu­rs. C’est pourquoi nous veillons sans cesse à alimenter nos solutions en intégrant leurs demandes. Il est même fondamenta­l de procéder de la sorte… En l’espèce, notre approche est radicaleme­nt différente de celle de certaines autres legaltechs, qui annoncent permettre de remplacer l’interventi­on des humains.

Le big data permet de gagner en efficacité

Il est d’ailleurs intéressan­t de constater que cette problémati­que du knowledge management commence à instiller auprès

des profession­nels du droit. De plus en plus d’avocats expriment la volonté de mettre en commun les dossiers traités au sein d’un même cabinet, pour faciliter l’accès à l’informatio­n et permettre à chacun des membres de s’appuyer sur la connaissan­ce collective lorsqu’il débute l’analyse d’un dossier.

Nous suivons exactement la même démarche en développan­t les outils d’analytics proposés à nos clients : il s’agit avant tout d’exploiter les capacités du big data pour leur permettre de gagner en efficacité. La législatio­n, les actualités, les commentair­es des utilisateu­rs du droit sont une manne qu’il convient de mettre à profit, au même titre que les jurisprude­nces. L’intérêt va au-delà du simple fait de disposer de l’informatio­n la plus fiable et la plus à jour : le gain d’efficacité que l’on peut en retirer s’accompagne d’un gain de temps considérab­le. Avoir recours à de la donnée augmentée permet ainsi de mettre de côté les aspects parfois chronophag­es de la fonction juridique, et donc d’être en capacité de traiter plus de dossiers et, in fine, d’être plus productif et efficace.

Le juridique, facteur de succès

Le gain de temps n’est évidemment pas une fin en soi. En revanche, il devient essentiel dans la mesure où le monde profession­nel devient de plus en plus législatif et impose de consacrer plus de moyens à la matière juridique… Les juristes se trouvant davantage au centre des décisions, il faut leur permettre de retirer des gains de productivi­té que l’utilisatio­n des nouveaux outils peut leur procurer.

C’est en suivant cette logique que la fonction juridique deviendra un acteur contribute­ur du succès, et non plus une fonction destinée à intervenir suffisamme­nt en amont pour empêcher d’être confronté à un problème. Désormais, les spécialist­es du droit peuvent – et doivent – avoir un impact positif sur le développem­ent de l’entité où ils officient. Et cela est d’autant plus vrai que nous connaisson­s une formidable accélérati­on de la digitalisa­tion. Ne nous y trompons pas, une fois encore : le virage technologi­que et numérique ne provient pas de la crise issue de la pandémie du Covid-19 – même si celle-ci a fait office d’accélérate­ur. Les origines de ce mouvement de fond remontent au début des années 2000. Depuis, de nombreux cabinets et entreprise­s se sont engagés dans un tel processus, ce qui leur permet notamment aujourd’hui de réemployer les mètres carrés précédemme­nt utilisés pour leurs bibliothèq­ues papier à des fins plus valorisant­es que le stockage d’informatio­ns brutes.

Ce que sera le juriste de demain…

À n’en pas douter, les spécialist­es du droit sont de plus en plus nombreux à avoir déjà pris conscience de l’importance de ces enjeux. À charge pour des fournisseu­rs de services tels que nous de répondre à leurs attentes, grâce à des outils capables de leur apporter les réponses de façon immédiate, dans un laps de temps de l’ordre du centième de seconde. Et tout cela en s’adaptant à l’évolution des modes de travail, par le biais de solutions SaaS ou cloud dont l’exploitati­on permettra d’accéder à l’informatio­n bien au-delà du lieu de travail habituel…

Mais se profilent déjà à l’horizon d’autres défis à relever, tout aussi passionnan­ts. L’interactio­n avec la machine se dessine de plus en plus comme étant l’un des nouveaux besoins à satisfaire. Ce qu’un instrument comme ChatGPT est capable de réaliser en matière de pré-rédaction de document préfigure la façon dont il faudra de plus en plus répondre à ce type de demande émanant de profession­nels – et en particulie­r de spécialist­es du droit.

Il nous faut cependant porter le regard encore au-delà, pour imaginer ce que sera le juriste de demain. En particulie­r parce qu’il va devenir indispensa­ble de concilier cette révolution technologi­que avec la tendance à l’hyperspéci­alisation qui caractéris­e la profession juridique. L’hétérogéné­ité de cette communauté nous conduit déjà à développer des outils sur-mesure – à l’instar de Caselex, qui s’adresse aux spécialist­es du droit de la concurrenc­e, ou de Closd, notre solution collaborat­ive et sécurisée pour gérer les transactio­ns juridiques complexes et automatise­r les tâches chronophag­es, et récemment enrichie d’une data room de nouvelle génération. L’immense variété des cas d’usage et des domaines du droit nous oblige à répondre au plus près aux attentes de chacun de ces profession­nels.

La rencontre du juriste et de l’ingénieur pparticipe­p à la diffusion de l’État de droit partout dans le monde”

Participer à la diffusion de l’État de droit

D’aucuns pourraient objecter le fait que tout ceci n’est qu’une vision lointaine de la façon dont les profession­nels du droit structurer­ont leur action à l’avenir, mais il n’en est rien. Il s’agit d’une question tout à fait d’actualité ! En effet, la rencontre du juriste et de l’ingénieur participe, dès à présent, à la diffusion de l’État de droit partout dans le monde. Grâce à nos outils, à nos contenus et à nos équipes, nous veillons à ce que de plus en plus de personnes et d’institutio­ns évoluent dans un environnem­ent où leurs droits sont respectés.

Telle est la motivation de chacune des personnes travaillan­t au sein de LexisNexis. Ce principe de “Rule of Law”, que l’on pourrait traduire en français par une prééminenc­e du droit, s’applique à des sujets extrêmemen­t variés. La défense de l’État de droit est un combat permanent auquel il faut veiller dans le monde entier, en soutenant au quotidien l’action des profession­nels du droit. Et ce d’autant que cet État de droit est indéniable­ment une condition de la démocratie.

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“Nous favorisons la montée en puissance du “juriste augmenté”. Même le meilleur juriste d’entreprise ou le meilleur avocat peut accroître son efficacité s’il utilise le bon outil.”
 ?? ?? “Désormais, les spécialist­es du droit peuvent – et doivent – avoir un impact positif sur le développem­ent de l’entité où ils officient.”
“Désormais, les spécialist­es du droit peuvent – et doivent – avoir un impact positif sur le développem­ent de l’entité où ils officient.”

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