Finance & juridique
l’organisation.” Pour les entreprises du secteur, il s’agit encore de convaincre pour encourager ce changement. “Ces procédés vont finir par s’imposer, même si cela va encore prendre du temps. Durant la pandémie, des outils comme Teams ou la signature électronique se sont généralisés en deux mois, car les organisations n’avaient pas le choix. Elles ont agi sous la pression, mais cela a été très efficace.”
Dans le cas particulier des M&A, legaltechs et regtechs se révèlent particulièrement efficaces pour mener à bien tout un ensemble de démarches complexes. Les experts de France Digitale distinguent trois usages principaux. Sur le marché, on trouve des offres comme BlockchainyourIP, basée sur la technologie blockchain, qui permettent d’évaluer la valeur des actifs immatériels d’une entreprise, tels que les droits d’auteur, ses logiciels, les secrets d’affaires. De quoi établir plus précisément la valeur d’une entreprise lors d’un rachat, par exemple. D’autres permettent de vérifier si l’entreprise n’a pas des cas de litiges financiers à l’étranger, comme Theolex, une base de données transfrontalière. Les outils de CLM facilitent également un certain nombre de démarches, comme l’extraction de données contractuelles ou l’identification de clauses particulières. Automatiser la gestion de ses contrats “permet aussi de modéliser le processus de rédaction et d’accélérer les opérations de transmission d’entreprise”, suggère Marie-Alice Godot-Sorine, avocate et présidente de Legal Pilot. Pour une entreprise qui entre dans un processus de vente, ce type d’outil apporte une vue complète et à jour de ses contrats, ce qui facilite l’appréciation et l’analyse du risque de la situation. Mais Marie-Alice Godot-Sorine avertit : “L’adoption de ce type d’outils demande de mener une vraie réflexion en amont du déploiement. Les équipes des différents services concernés doivent passer en mode projet. Cela exige du temps et des investissements, souvent sur plusieurs mois, pour être parfaitement opérationnel”.
Un marché de niche
Les legaltechs restent cependant un marché de niche. Selon le Baromètre Legaltech 2021, réalisé par Maddyness, Wolters Kluwer et la Banque des Territoires, 52 % des start-up du secteur avaient réalisé une levée de fonds. Au 15 novembre 2021, ce marché totalisait 57,8 millions d’euros levés. Le spécialiste de la signature électronique, Yousign, a à lui seul raflé 30 millions d’euros. Une somme bien modeste puisque cette année-là, les start-up de la legaltech n’avaient mené que 1 % de l’ensemble des
Sur le marché, on trouve des offres qui permettent d’évaluer la valeur des actifs immatériels d’une entreprise, tels que les droits d’auteur, ses logiciels, les secrets d’affaires. De quoi établir plus précisément la valeur d’une entreprise lors d’un rachat.
levées de fonds. “Globalement, nous sommes tous en croissance ou en consolidation. Le marché gagne en maturité chaque année. Il y a moins de levées, car beaucoup d’acteurs souhaitent croître avant de lancer une nouvelle opération”, avancent Fabrizio Papa Techera, et Cyril de Villeneuve. Les acteurs de la legaltech, à l’image de l’ensemble du secteur de la Tech, ont cependant des difficultés pour recruter et retenir les talents, notamment des “juristes qui savent communiquer avec les développeurs et avec les clients”, avouent les deux coordinateurs.
De la TPE au grand groupe
Un contexte qui n’empêche pas de belles réussites, comme celle de Legalstart, start-up qui se veut être “un point de contact pour toutes les questions que se posera l’entrepreneur au cours de la vie de son entreprise”, résume Raphaël Dumoutet, Head of Legal Product & Operations chez Legalstart. Lancée en 2014, la start-up propose une interface en ligne qui permet à l’utilisateur de trouver toutes les informations dont il a besoin et d’être guidé dans la réalisation de ses démarches juridiques et réglementaires. S’adressant au départ aux TPE et aux petits entrepreneurs pour les accompagner dans la création de leur entreprise (plus de 350 000 clients de ce type en ont bénéficié en sept ans), Legalstart a également développé une offre pour les cabinets d’affaires et les directions juridiques de grandes entreprises (Legalstartpro). De nombreux services ont aussi été ajoutés, allant de la gestion des contrats de travail au recouvrement de créances, en passant par les modules de comptabilité, l’accompagnement pour un changement de statut, la cession
de parts sociales ou d’actions, le transfert de siège, etc. Les legaltech sont donc encore loin d’avoir montré toutes leurs possibilités.