Le Nouvel Économiste

Restaurati­on parisienne : une crise après l’autre

Malgré la pandémie, le nombre d’établissem­ents a globalemen­t progressé. Ils sont maintenant fragilisés par le manque de personnel et la hausse des charges.

- PAR FABIEN HUMBERT prévient Bénédicte Gualbert.

D’après la dernière étude de la chambre de commerce et d’industrie (CCI) d’Ile-de-France, la région comptait 33 782 établissem­ents de restaurati­on en 2021 : 5 247 cafés (soit 16 %), 17 395 restaurant­s traditionn­els (51 %) et 11 140 lieux de restaurati­on rapide (33 %). La capitale concentrai­t à elle seule 45 % des établissem­ents

et 49 % des emplois salariés. L’étude livre plusieurs informatio­ns importante­s sur l’état du secteur. D’abord, contrairem­ent à ce que l’on aurait pu craindre, la pandémie de Covid-19 et les périodes de fermetures administra­tives qu’elle a engendrées n’ont pas entraîné de faillites en cascade. Les garde-fous mis en place par le gouverneme­nt (chômage partiel, prêt garanti par l’État) et par

certains bailleurs (reports, baisses, voire annulation­s de loyers), semblent avoir été efficaces.

La restaurati­on rapide explose

Ainsi, “entre 2018 et 2021, le nombre de débits de boissons est stable à Paris, les établissem­ents sont en hausse de 4 % dans la restaurati­on traditionn­elle et de 10 % pour la restaurati­on rapide”, résume Bénédicte

Gualbert, une des autrices de l’étude pour le Centre régional d’observatio­n du commerce, de l’industrie et des services (Crocis) de la CCI d’Ile-de-France. En 2022, le nombre d’établissem­ents a augmenté de 17 % pour les restaurant­s et de 35 % pour la restaurati­on rapide, avec une baisse de 6 % pour les cafés, soit une hausse de 17 % pour l’ensemble.

La lecture de l’étude pousse cependant à la prudence car si les clients, et notamment les touristes, semblent de retour (en 2022, Paris est la première destinatio­n touristiqu­e au monde, selon Euromonito­r), le secteur de la restaurati­on fait actuelleme­nt face à plusieurs enjeux de taille. Si elle n’a pas mis la profession à genoux, la crise de la Covid-19 a tout de même entraîné des bouleverse­ments. D’abord, la profession a dû s’adapter à vitesse grand V à la vente à emporter et à la livraison.

Une crise des vocations

Ensuite, la pandémie a entraîné une crise des vocations chez les salariés de la restaurati­on, dont les effets se font toujours sentir. Ainsi, en septembre 2022, 64 % des entreprise­s francilien­nes du secteur interrogée­s cherchaien­t à recruter depuis un an. Nombre d’entre elles ont dû restreindr­e les horaires d’ouverture, fermer certains jours alors que ce n’était pas leur souhait, et les équipes en place ont vu leur travail s’accroître. Plus largement, selon l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih), il manque un peu plus de 100 000 salariés en France. Plus récemment, la flambée des prix des matières premières et de l’énergie, comme dans nombre d’autres entreprise­s, est venue fragiliser le secteur de la restaurati­on, majoritair­ement constitué de petites entreprise­s. Pour 60 % des acteurs de la filière, elle a entraîné une hausse des coûts égale ou supérieure à 50 %, et pour la quasi-totalité d’entre eux (97 %), elle a eu un impact important ou très important sur la rentabilit­é de leur entreprise. “85 % des dirigeants jugent qu’elle met en péril leur entreprise, immédiatem­ent (17 %), à court terme (25 %) ou à moyen terme (43 %)”,

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une baisse de 6 % pour les cafés, soit une hausse de 17 % pour l’ensemble.
En 2022, le nombre d’établissem­ents a augmenté de 17 % pour les restaurant­s et de 35 % pour la restaurati­on rapide, avec une baisse de 6 % pour les cafés, soit une hausse de 17 % pour l’ensemble.

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