Le Nouvel Économiste

La franchise, voie dorée pour les seniors

Souvent poussés par la difficulté à trouver un emploi, ces profils expériment­és sont très appréciés des réseaux

- AGATHE PERRIER

Chaque année, 90 000 seniors franchisse­nt le pas de la création d’entreprise. Un nombre qui s’explique notamment par le faible taux d’emploi des 55-64 ans : 56 % en 2021, selon

La France compte 84 497 magasins gérés en franchise, d’après les chiffres 2022 de la Fédération française de la franchise (FFF). Soit une augmentati­on de 6,8 % du nombre de points de vente, par rapport à 2021. Et parmi les entreprene­urs qui ont opté pour la franchise, les profils seniors – au-delà de 50 ans – sont nombreux. Ils représenta­ient 40 % du total des franchisés en 2016, selon l’enquête annuelle de la FFF et de la Banque Populaire, dernière en date à calculer une répartitio­n par tranche d’âge. L’épineuse question de l’emploi des seniors, plus cruciale que jamais alors que la réforme en cours prévoit de repousser à 64 ans l’âge de départ à la retraite,

la Dares. Pour se lancer, certains d’entre eux choisissen­t la franchise, qui permet de limiter les risques en bénéfician­t d’un modèle éprouvé et d’un accompagne­ment. Les réseaux sont par

n’y est pas étrangère. Le taux d’emploi des 55-64 ans est en effet de 56 %, contre 81,8 % pour les 25-49 ans, selon les chiffres 2021 de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiqu­es (Dares) du ministère du Travail. Dans ce contexte, 90 000 seniors franchisse­nt chaque année le pas de la création d’entreprise, dont une partie en franchise.

“Grâce à la franchise, vous gagnez en temps et en efficacité. Vous évitez des erreurs car vous êtes encadré, et vous avez un réseau avec qui vous êtes en contact permanent”, résume Krystel Blondeau, directrice générale France du groupe Louvre Hotels, fort de 11 marques dans l’hôtellerie dont Kyriad, Golden Tulip et Campanile. Des avantages communs à toutes les classes d’âge, qui rassurent particuliè­rement les plus de 50 ans, estime Rose-Marie Moins, directrice développem­ent à la FFF. “Ceux qui se lancent dans l’entreprene­uriat à plus de 50 ans le font souvent pour la première fois. Ils se disent qu’ils n’ont pas le droit à l’erreur, que c’est la dernière ligne droite avant la retraite. S’appuyer ailleurs très ouverts à ces profils expériment­és, notamment dans les secteurs de l’hôtellerie-restaurati­on et du coaching, ou leur savoirêtre et leurs moyens financiers sont appréciés. sur un réseau qui a fait ses preuves les sécurise”, souligne-t-elle.

Formation et accompagne­ment attirent les seniors

Et ce sont principale­ment la formation proposée par la tête de réseau et l’accompagne­ment assuré tout au long de la vie de l’entreprise, qui incitent les seniors à opter pour la franchise plutôt que pour la création d’entreprise indépendan­te.

Pour Éric Allouche, directeur exécutif du réseau ERA Immobilier, la franchise est un “accélérate­ur de compétence­s” : “elle permet à un entreprene­ur d’aller plus vite et plus loin, y compris dans un métier qu’il ne connaît pas”. Cela tient à l’essence même de ce modèle,

Parmi les entreprene­urs qui ont opté pour la franchise, les profils seniors – au-delà de 50 ans – sont nombreux. Ils représenta­ient 40 % du total des franchisés en 2016.

L’expérience et les compétence­s acquises dans leurs précédents postes seront grandement utiles aux seniors lors de leur aventure entreprene­uriale en franchise

qui repose sur trois leviers : le savoir-faire, la formation et l’accompagne­ment. “Le franchiseu­r doit apporter à son franchisé un concept avéré, éprouvé, qu’il a testé. Ainsi qu’un paquet de méthodes qui contribuen­t à son savoir-faire. Il doit le former, aussi bien au métier qu’aux outils. Puis l’accompagne­r sur tous les sujets liés à la vie de l’entreprise”, explique Nicolas Guilbert, responsabl­e développem­ent et recrutemen­t des franchisés chez Del’Arte. Au sein de ce réseau fort de plus de 200 restaurant­s en France, dont 90 % sont gérés en franchise, la formation initiale s’étale sur dix semaines avant l’ouverture de l’établissem­ent. Puis, au fil du temps, les franchisés participen­t régulièrem­ent à des sessions. La formation et l’accompagne­ment aux outils modernes se révèlent d’autant plus précieux pour les quinquagén­aires, que la digitalisa­tion s’accélère actuelleme­nt dans les activités commercial­es. “Beaucoup ne sont pas à l’aise avec le numérique, du fait qu’ils ne sont pas nés avec, bien qu’il n’y ait pas de généralité à faire sur ce sujet”, souligne RoseMarie Moins.

Autre atout de taille qu’apporte la franchise : le collectif. Au-delà de l’aide du franchiseu­r, le franchisé peut s’appuyer sur tout un réseau. Il n’empêche que, comme le rappelle Nicolas Guilbert, la franchise reste de l’entreprene­uriat et comporte malgré tout son lot de risques.

Une maîtrise du domaine appréciée des franchiseu­rs

Si les seniors apprécient le soutien que leur apporte leur tête de réseau, il en va de même dans le sens inverse. “La séniorité est à nos yeux intéressan­te, car les personnes issues du secteur dans lequel elles entreprenn­ent ont souvent une grande maîtrise du domaine”, apprécie Krystel Blondeau. Il en va de même pour celles qui se lancent dans une activité totalement nouvelle. L’expérience et les compétence­s acquises dans leurs précédents postes seront grandement utiles aux seniors lors de leur aventure entreprene­uriale en franchise.

“C’est une volonté pour nous d’attirer les profils seniors parce qu’ils possèdent un savoir-être essentiel dans notre métier où l’humain est au coeur de l’activité”, glisse Éric Allouche. Dans le réseau ERA Immobilier, 5 % des nouveaux contrats de franchise signés en 2022 l’ont été par des 50 ans et plus. Du côté de Del’Arte, “un grand nombre” d’anciens cadres ou de cadres supérieurs ont rejoint le réseau autour de la cinquantai­ne. “Nous sommes très favorables à ce type de profil senior, car ils ont des compétence­s avérées en commerce, management ou encore relation client”, indique Nicolas Guilbert. La restaurati­on fait d’ailleurs partie des secteurs de franchise plus favorables aux candidats seniors qu’aux jeunes. “C’est justement du fait de leur expérience. C’est plus difficile pour un jeune qui sort de l’école d’arriver à gérer un restaurant qui, à l’instar des nôtres, génère 230 couverts par jour avec une équipe de 15 à 20 personnes à manager. Lancer et pérenniser un établissem­ent nécessite de plus un important investisse­ment personnel, ce qui colle bien avec un profil senior qui a moins de contrainte­s familiales”, estime Nicolas Guilbert.

L’apport financier initial, l’atout des seniors

Il en va de même par exemple pour l’activité de conseil ou de coaching aux entreprise­s. “Les clients ont besoin d’expertise, donc les profils plus matures avec des compétence­s dans le management et les ressources humaines sont davantage appréciés. Un jeune ne trouvera pas forcément chaussure à son pied dans ce domaine”, considère la directrice développem­ent de la FFF.

Dans l’hôtellerie en revanche, ce n’est pas tant l’expérience qui est appréciée chez les seniors que leur apport personnel initial. “Ces franchises nécessiten­t des investisse­ments assez lourds. Or, les jeunes ne disposent pas forcément des fonds pour se lancer”, indique Krystel Blondeau. Les seniors sont en effet davantage susceptibl­es que les jeunes de disposer de fonds propres, même s’il n’est pas certain qu’ils parviennen­t à réunir les financemen­ts nécessaire­s pour démarrer leur franchise (lire en encadré).

Aucun domaine ne serait en tout cas inadapté aux profils seniors.

“Y compris les métiers techniques, comme par exemple la rénovation ou l’améliorati­on de l’habitat, car le franchisé n’est pas obligatoir­ement la personne qui se rend sur le terrain. C’est ce qui est intéressan­t avec la franchise”, conclut RoseMarie Moins.

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Rose-Marie Moins, Fédération française de la franchise.
“Ceux qui se lancent dans l’entreprene­uriat à plus de 50 ans le font souvent pour la première fois. S’appuyer sur un réseau les sécurise.” Rose-Marie Moins, Fédération française de la franchise.
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grande maîtrise du domaine.” Krystel Blondeau, Louvre Hotels Group.
“La séniorité est intéressan­te car les personnes issues du secteur dans lequel elles entreprenn­ent ont souvent une grande maîtrise du domaine.” Krystel Blondeau, Louvre Hotels Group.
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ou relation client.” Nicolas Guilbert, Del’Arte.
“Nous sommes très favorables aux seniors, car ils ont des compétence­s avérées en commerce, management ou relation client.” Nicolas Guilbert, Del’Arte.
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Éric Allouche, ERA Immobilier.
“Les profils seniors possèdent un savoirêtre essentiel dans notre métier où l’humain est au coeur de l’activité.” Éric Allouche, ERA Immobilier.

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