Le Nouvel Économiste

Taux des prélèvemen­ts obligatoir­es record en 2022

En dépit de baisses d’impôts, les recettes fiscales ont crû plus vite que le PIB

- MÉCOMPTES PUBLICS, FRANÇOIS ECALLE Le site www.fipeco.fr développe les analyses de François Ecalle.

Le taux des prélèvemen­ts obligatoir­es (PO), qui rapporte leur produit au PIB, est passé de 44,3 % en 2021 à 45,3 % en 2022, un niveau jamais atteint jusque-là.

Il y a pourtant eu des baisses d’impôts en 2022. On peut notamment citer la suppressio­n de la redevance de l’audiovisue­l (- 3,2 Mds€), la dernière étape de la baisse du taux de l’impôt sur les sociétés (- 2,9 Mds€) et une nouvelle étape de la suppressio­n de la taxe d’habitation sur les résidences principale­s (- 2,8 Mds€).

L’évolution des PO a aussi été affectée par des mesures supposées temporaire­s prises en réponse à la hausse des prix de l’énergie : baisse de la taxe intérieure sur la consommati­on finale d’électricit­é (- 7,4 Mds€), prélèvemen­ts sur les rentes des producteur­s d’électricit­é (+ 1,3 Mds€) et traitement comptable en impôts des versements des

producteur­s d’énergies renouvelab­les à l’État (+ 8,4 Mds€).

Une élasticité exceptionn­elle de 1,5

Au total, les modificati­ons de la législatio­n fiscale ont contribué en 2022 à réduire les PO d’environ 6 Mds€, mais leur croissance “spontanée” (à législatio­n constante) a été de 95 Mds€, soit de 8,6 % alors

que celle du PIB en valeur a été de 5,7 %, ce qui correspond à une élasticité (rapport de leur croissance spontanée à celle du PIB en valeur) de 1,5. Cette élasticité a été en moyenne de 1,06 entre 1990 et 2021 et fluctue autour de cette moyenne. Il est exceptionn­el qu’elle soit aussi élevée mais ce n’est pas impossible au vu de ses niveaux passés (elle a été de 1,4 en 2017). Plusieurs explicatio­ns peuvent en être données.

La croissance de la masse salariale (8,1 %) a été nettement supérieure à celle du PIB en valeur (5,7 %). Or de nombreux prélèvemen­ts obligatoir­es sont assis sur la masse salariale, totalement (cotisation­s sociales) ou partiellem­ent (CSG).

La croissance du prix du PIB (écart entre ses taux de croissance en valeur et en volume) a été de 3,1 %, et donc nettement inférieure à celle du prix de la consommati­on des ménages (5,3 %), ce qui peut expliquer une augmentati­on de la TVA (8,1 %) largement supérieure à celle du PIB en valeur.

La progressio­n du produit de l’impôt sur les sociétés (IS) a été très forte en 2022 (22 %) alors que celle de l’excédent brut d’exploitati­on (EBE) des sociétés a été très faible (0,3 %), selon les comptes trimestrie­ls de l’Insee. Le produit de l’IS en 2022 dépend toutefois pour beaucoup des bénéfices de 2021, année marquée par une forte croissance de l’EBE des entreprise­s (15 %). En outre, le produit de l’IS est très volatil et amplifie souvent les fluctuatio­ns de l’EBE, qui diffère du bénéfice fiscal. Les recettes fiscales tirées de l’IS ont ainsi diminué de 60 % de 2008 à 2009 puis augmenté de plus de 100 % de 2009 à 2011.

Ces facteurs d’écart entre la croissance du PIB en valeur et celle des assiettes des principaux prélèvemen­ts obligatoir­es sont pour l’essentiel de nature conjonctur­elle. Il ne faut donc pas anticiper une élasticité aussi forte des prélèvemen­ts obligatoir­es au PIB pour les années suivantes.

La croissance “spontanée” (à législatio­n constante) des PO a été de 8,6 % alors que celle du PIB en valeur a été de 5,7 %, ce qui correspond à une élasticité de 1,5. Cette élasticité a été en moyenne de 1,06 entre 1990 et 2021.

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Les facteurs d’écart entre la croissance du PIB en valeur et celle des assiettes des principaux prélèvemen­ts obligatoir­es sont pour l’essentiel de nature conjonctur­elle.

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