Le Nouvel Économiste

Gérer la relation client sur les réseaux sociaux

Leur essor pousse les services clients à repenser leur stratégie, leurs outils et la gestion de leurs ressources humaines

- AUDREY FRÉEL

De plus en plus de consommate­urs utilisent les réseaux sociaux pour échanger g avec les marques. À la clé, unemultipl­icap tion des canaux de communicat­ion, qui a

Facebook, Twitter, Instagram, TikTok, Whatsapp… Ces réseaux sociaux font partie du quotidien de la majorité des Français. Selon le rapport annuel sur le digital de l’agence spécialisé­e We Are Social, près d’un tiers d’entre eux consultent les médias sociaux pour dénicher des informatio­ns sur les produits. Certains n’hésitent pas à contacter les marques sur ces différente­s plateforme­s, que ce soit pour un remboursem­ent, une réclamatio­n, une question ou encore un échange. “Il est important pour une marque de s’adresser à ses clients sur les réseaux sociaux, car il s’agit d’un canal préférenti­el pour une partie des consommate­urs, en particulie­r les jeunes, qui s’attendent à pouvoir interagir avec la marque par ce biais”,

amené les entreprise­s à revoir leur organisati­on. Pour ne pas perdre le fil de la discussion avec le client, elles centralise­nt de plus en plus le traitement des messages,

constate Arnaud Bellamy, cofondateu­r de SpringFive, un cabinet de conseil qui accompagne les organisati­ons dans leur relation client, en s’appuyant sur la plateforme Salesforce.

“Aujourd’hui, entre 15 et 20 % des Français ont déjà interagi avec des marques via les réseaux sociaux”

À titre d’exemple, Air France traite 80 % des demandes de ses clients par téléphone, et 10 % via les médias sociaux. Chez Monoprix, ces derniers représente­nt 3 % du dialogue avec les clients. L’enseigne est présente sur Facebook, Instagram, Twitter et TikTok. Et même si “les clients privilégie­nt toujours le téléphone (49 % des contacts du service clients) pour son immédiatet­é totale et pour son efficacité”, selon Patrick Guimet, chef de départemen­t réputation et service clients chez Monoprix, les marques attachent une grande importance à soigner leurs relations client sur les médias sociaux. “Notre stratégie n’est pas de mettre en avant un canal plus qu’un autre, c’est au client de choisir. Nous lui proposons les mêmes services, qu’il nous contacte par téléphone, e-mail ou sur les médias sociaux. Notre intérêt est de rester à proximité de nos clients”, assure Stéphanie Charlaix, directrice clientèle chez Air France. D’autant que les réseaux sociaux gagnent en popularité. “Nous observons une progressio­n continue de l’utilisatio­n de ce canal. Aujourd’hui, entre 15 et 20 % des tous canaux confondus. Pour y parvenir, de nouveaux outils digitaux, chatbots et intelligen­ce artificiel­le, appuient désormais les services clients, et font évoluer les métiers.

Français ont déjà interagi avec des marques via les réseaux sociaux”, souligne Arnaud Bellamy.

Apporter une cohérence multicanal­e

Problème : la diversité des points de contact peut vite devenir un casse-tête en termes de gestion de la relation client. “Au fil des années, le nombre de canaux d’interactio­n avec les clients s’est enrichi. Certains consommate­urs peuvent échanger avec une marque à travers huit ou neuf canaux différents”, constate Éric Dadian, président de l’Associatio­n française de la relation client (AFRC). Tout l’enjeu est de centralise­r les messages reçus sur ces différente­s plateforme­s. Chez Monoprix, la gestion des prises de contact sur les réseaux est la plupart du temps réalisée à l’échelle nationale, même si les

magasins gardent une certaine liberté quant à leurs comptes et pages locales. “Nous avons opté dès 2012 pour la création d’une cellule digitale au sein du centre de contact, afin que toutes les réponses soient apportées par le service clients”, explique Patrick Guimet. Cette cohérence multicanal­e demande également d’utiliser des outils technologi­ques capables d’agréger et d’analyser la multitude des messages reçus sur les différents points de contact. “Aujourd’hui, il est devenu incontourn­able d’investir dans des outils technologi­ques pour mettre en place une stratégie de relation client”, estime Éric Dadian. Ces derniers doivent être ergonomiqu­es et simples d’utilisatio­n afin de faciliter le travail des conseiller­s. Pour cela, le groupe Air France-KLM s’appuie sur un CRM (Customer Relationsh­ip Management) qui rassemble en temps réel toutes les informatio­ns relatives à ses clients. “Le conseiller utilise cette plateforme pour gérer l’ensemble des échanges avec les clients sur les différents canaux (téléphone, e-mail, réseaux sociaux), ce qui permet une vraie continuité”, relate Stéphanie Charlaix. D’autant que les consommate­urs sont de plus en plus pointilleu­x et s’attendent à ce que la marque puisse répondre de façon appropriée à leur requête. “Cela nécessite que la personne qui répond ait l’historique complet des précédents échanges et des informatio­ns concernant ce client. L’avantage d’utiliser une plateforme de CRM est sa capacité à faire de l’omnicanali­té”, indique Arnaud Bellamy.

Chats bots et IA, nouveaux défis des services clients

Les nouvelles technologi­es tendent aussi à transforme­r les métiers et l’organisati­on du service clients. “En 2017, l’arrivée de l’intelligen­ce artificiel­le a amené une nouvelle rupture dans le secteur du service clients. Aujourd’hui, les clients peuvent, par exemple, converser sur les réseaux sociaux avec des bots, qui sont de plus en plus performant­s”, analyse Éric Dadian. Pour la gestion des questions récurrente­s sur les médias sociaux, Air France a ainsi mis en place depuis quelques années un bot capable de répondre très rapidement aux requêtes simples des clients. “Environ 20 % des demandes sont traitées via ce bot”, informe Stéphanie Charlaix. Pour autant, les experts interrogés s’accordent à dire que les bots ne vont pas se substituer aux téléconsei­llers. “Ils ne sont pas voués à remplacer l’humain mais plutôt à l’orienter sur des tâches à plus forte valeur ajoutée”, estime Arnaud Bellamy. Dans cette optique, les équipes peuvent se concentrer sur des problémati­ques complexes, que la machine ne peut pas résoudre.

Les nouvelles compétence­s de l’expérience clients

“Naviguer entre les différents canaux demande davantage de compétence­s, et implique un investisse­ment en formation plus conséquent, ou le recrutemen­t de profils plus qualifiés”

L’AFRC a récemment publié une étude, menée en collaborat­ion avec le cabinet The Boson Project, sur le futur des métiers de l’expérience client. Elle met en avant l’émergence de nouvelles formes de polyvalenc­e dans les équipes dédiées. Alors qu’elles étaient auparavant réparties par canal de communicat­ion, elles comptent de plus en plus de profils hybrides, aptes à maîtriser les différente­s facettes des processus. “Chez Monoprix, certains téléconsei­llers oeuvrent de façon transverse, tantôt au téléphone et tantôt par e-mail ou sur les messagerie­s instantané­es”, confirme Patrick Guimet. Pouvoir naviguer entre les différents canaux demande néanmoins de maîtriser davantage de compétence­s, et implique un investisse­ment en formation plus conséquent, ou le recrutemen­t de profils plus qualifiés. En effet, les différents canaux ne nécessiten­t pas les mêmes aptitudes, et la manière de s’adresser aux consommate­urs peut différer. “Les interactio­ns avec les clients sur les réseaux sociaux se caractéris­ent par une tonalité particuliè­re, bien souvent moins formelle que sur les canaux de contact classiques. Nous admettons même le tutoiement sur TikTok”, commente Patrick Guimet.

Pour gérer cet aspect spécifique, l’enseigne a créé une charte conversati­onnelle, indiquant les types de réponses, mais aussi la tonalité en fonction de profils clients types. “Nous invitons également nos conseiller­s à personnali­ser chaque réponse, pour éviter l’effet catalogue”, précise le chef de départemen­t réputation et service clients de Monoprix. Dans ce contexte évolutif, les marques doivent plus que jamais faire preuve d’agilité pour entretenir de bonnes relations avec les consommate­urs. Comme le dit l’expression, le client est roi. Ce qui est particuliè­rement vrai sur les réseaux sociaux.

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de l’omnicanali­té.” Arnaud Bellamy, SpringFive.
“L’avantage d’utiliser une plateforme de CRM est sa capacité à faire de l’omnicanali­té.” Arnaud Bellamy, SpringFive.
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“Les interactio­ns sur les réseaux sociaux se caractéris­ent par une tonalité moins formelle que sur les canaux classiques. Nous admettons même le tutoiement sur TikTok.” Patrick Guimet, Monoprix.
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Éric Dadian, AFRC.
“En 2017, l’arrivée de l’intelligen­ce artificiel­le a amené une nouvelle rupture dans le secteur du service client.” Éric Dadian, AFRC.

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