Le Nouvel Économiste

Prudence est mère de sûreté

-

L’heure est loin d’être à la catastroph­e. Bien que le nombre de défaillanc­es reparte indiscutab­lement à la hausse, les entreprise­s en difficulté demeurent minoritair­es dans le paysage français. Fort heureuseme­nt d’ailleurs. Mais cela ne doit pas pour autant inciter les dirigeants à baisser la garde, car les mois qui viennent de s’écouler ont démontré qu’une succession d’événements externes déstabilis­ants peut faire vaciller l’édifice qu’ils portent à bout de bras.

Pour être tout à fait précis, il convient de signaler que les plus petites entreprise­s sont majoritair­ement les plus affectées par la conjonctur­e économique. Rien d’étonnant à cela puisque l’on sait qu’elles représente­nt la catégorie la plus fragile… d’autant qu’elles constituen­t la majorité des bénéficiai­res des prêts garantis par l’État (PGE), qu’il convient désormais de rembourser. Autre élément important, qui est tout sauf une surprise : les secteurs d’activité les plus affectés par la crise actuelleme­nt sont ceux qui n’étaient pas parvenus à surmonter des problèmes nés au cours de la décennie écoulée – au premier rang desquels figure le retail. Une fois encore, une conclusion s’impose. Que les entreprise­s soient en bonne forme ou non, il leur est indispensa­ble de jouer la carte de l’anticipati­on. Rappelons-le : la France dispose d’un arsenal juridique tout à fait approprié pour accompagne­r les dirigeants confrontés à une situation potentiell­ement périlleuse. La procédure de conciliati­on, procédure amiable de prévention des difficulté­s, a notamment pour finalité de conclure un accord entre l’entreprise et ses créanciers. Présentant l’avantage d’être conduite en toute confidenti­alité entre les parties prenantes, elle évite d’envoyer un signal négatif à l’ensemble du marché – fournisseu­rs comme clients. C’est d’ailleurs également la finalité de la procédure de mandat ad hoc, que le dirigeant peut engager en se tournant vers le tribunal de commerce.

Ce sont plus de 2300 procédures de ce type qui ont été initiées au cours des quatre premiers mois de l’année, d’après les chiffres publiés par le Conseil national des administra­teurs judiciaire­s et mandataire­s judiciaire­s (CNAJMJ). Un chiffre quasi identique à celui de 2022 pour la même période. Probableme­nt le signe qu’elles ont trouvé leur place et que l’on sait en faire bon usage. Et cela aussi, c’est une bonne nouvelle.

Charles Ansabère,

Rédacteur en chef Corporate Finance

Newspapers in French

Newspapers from France