“Compte tenu du poids de la dette, de la hausse des taux d’intérêt et du contexte actuel, il devrait bien y avoir cette fois-ci une hausse des défaillances qui risque d’entraîner nombre de procédures de restructuration”
Les défaillances d’entreprise ont augmenté de +48 % en 2022 par rapport à l’année précédente, selon une analyse du cabinet EY et de l’assureur Allianz sortie en février. Reste qu’avec 41020 défaillances constatées – Geoxia, Camaïeu ou Scopelec en liquidation judiciaire; Clestra Hauserman en redressement judiciaire, pour ne citer qu’elles – le niveau est resté inférieur à celui d’avant la crise sanitaire (plus de 50000 défaillances par an en 2017, 2018 et 2019). Plus pour longtemps, puisqu’une vague est attendue pour 2023 : +41 %, soit environ 51 000 défaillances, d’après l’étude. “Attention néanmoins aux effets d’annonce, car une vague de faillites avait été annoncée depuis le covid. Or cela n’est fort heureusement jamais arrivé en raison des aides mises en place par le gouvernement, notamment les PGE [prêts garantis par l’État, ndlr]”, tempère Eugénie Amri, avocate associée chez Veil Jourde. L’experte en restructuring le reconnaît cependant : “Compte tenu du poids de la dette, de la hausse des taux d’intérêt et du contexte actuel, il devrait bien y avoir cette fois-ci une hausse des défaillances qui risque d’entraîner nombre de procédures de restructuration”. Un avis partagé par son homologue au sein du cabinet White & Case, Saam Golshani. “Nous connaissons actuellement un environnement très volatil avec une inflation et des taux d’intérêt élevés, ce qui induit une pression importante sur la marge des entreprises. Cela est de nature à créer un risque pour leur liquidité et les conditions d’une augmentation des défaillances, que l’on commence d’ailleurs à voir”. Afin d’éviter d’être touché de plein fouet, Eugénie Amri préconise quelques pistes de solutions : “Bien surveiller son prévisionnel de trésorerie et sa position de cash – ne pas se focaliser uniquement sur le chiffre d’affaires et l’Ebitda – ainsi que l’évolution du besoin en fonds de roulement. Et surtout ne pas hésiter à se rapprocher d’un avocat pour demander aide et conseil”.