3 questions à… Laurence Boiteux, directrice des affaires internationales de l’EM Normandie
“La mobilité a retrouvé la même dynamique qu’avant le covid”
Les crises successives (pandémie, guerres, inflation) ont-elles redéfini la manière dont les étudiants circulent?
Les habitudes ont été bousculées. Tant de choses se sont passées! La soif de découvrir d’autres pays est en revanche toujours bien présente chez les étudiants, et la mobilité a retrouvé la même dynamique qu’avant le covid. Dans le même temps, le virtuel a pris une place importante. Il ne remplacera pas l’expatriation physique, nous le savons. Mais il peut permettre un certain degré d’exposition internationale à des publics qui ne bougent pas, à des travers des cours de partenaires étrangers, des projets à mener avec des étudiants d’autres pays. Dans le cas de jeunes en alternance, par exemple [lesquels doivent rester en France, ndlr], c’est un outil intéressant.
Où vous situez-vous dans le débat sur l’empreinte carbone élevée des déplacements?
Les écoles de management sont prises dans un paradoxe. Il s’agit de trouver le bon équilibre entre des expériences internationales – à notre avis irremplaçables, tant elles font partie intégrante de nos formations – et le sujet du carbone. Même de la part des classements internationaux, les injonctions sont contradictoires. D’un côté, le sujet environnemental devient un critère important. De l’autre, les indicateurs comme le nombre d’étudiants et professeurs internationaux demeurent essentiels pour être reconnu. Situation légèrement schizophrénique !
Votre stratégie d’ouverture de campus à l’étranger (Royaume uni, Dubaï, demain Vietnam) va plutôt dans le sens d’une mobilité accrue…
Ce n’est pas tout à fait vrai, car nos campus, au Moyen-Orient comme en Asie, ont vocation à recruter en majorité des étudiants locaux et des pays voisins. Leur raison d’être est d’amener dans ces villes le savoir-faire pédagogique de l’EM Normandie, en dispensant des programmes visant la même exigence qu’en France. Puisque nous parlons d’impact environnemental, il faut lui ajouter une autre question: quel impact social et économique une grande école peut-elle avoir dans des pays où elles sont encore peu présentes? Les étudiants de nos campus seront des managers de haut niveau, dont la plupart resteront travailler sur place ou dans leur pays d’origine. Leur impact à eux ne sera-t-il pas in fine positif?