« C’est un cauchemar qui recommence »
En 2001, Jean-Marc Reiser a été acquitté pour le meurtre de Françoise Hohmann, disparue en 1987. Ses proches revivent ce drame alors que Reiser est soupçonné du meurtre de Sophie Le Tan.
LONGTEMPS, ils se sont résignés, éprouvés par le temps qui passe. Mais Marie-Antoinette, 79 ans, et René Hohmann, 80 ans, n’ont jamais renoncé à « espérer un jour connaître la vérité sur la mort de [leur] fille aînée Françoise ». Son corps n’a pas été retrouvé depuis sa disparition en 1987. Une affaire jamais résolue. Un suspect, JeanMarc Reiser, a été acquitté. Ils ont accepté de nous recevoir.
Lorsque le nom de Jean-Marc Reiser est apparu dans une nouvelle affaire criminelle, les parents de Françoise ont eu « une terrible impression de déjà-vu, une sourde colère est remontée ». D’une voix douce, MarieAntoinette, les mains jointes, lâche : « Le chagrin est toujours là. Et nous n’avons même pas de tombe où nous recueillir. » A chaque anniversaire de sa disparition qui est aussi celui de Marie-Antoinette, le couple part s’évader à la montagne dans les Vosges : « On ne peut pas rester dans la maison. »
En mai 2001, quatorze ans après les faits, aux assises, ce couple de retraités et leur fille cadette, Isabelle, ont fait face à Jean-Marc Reiser accusé d’homicide volontaire. Malgré les charges de l’avocate générale qui avait réclamé trente ans de prison, l’homme a été acquitté par le jury. « Que doivent penser ces gens aujourd’hui ? », interrogent d’une même voix René et Marie-Antoinette.
LE BÉNÉFICE DU DOUTE
Depuis la mi-septembre, JeanMarc Reiser, déjà condamné pour viols, est mis en examen pour l’assassinat de Sophie Le Tan, 20 ans, une étudiante qui cherchait un logement, attirée par une fausse annonce. « Pour notre famille, c’est un nouveau cauchemar qui recommence. A l’époque, la police nous avait dit que notre fille avait fugué… Ils ont même soupçonné son petit ami, placé en garde à vue et mis hors de cause. En 1987, il n’y avait pas de preuves scientifiques. Et en 2001, elles ont fait défaut. Le dossier était techniquement insuffisant. Le doute a bénéficié à l’accusé… », se désolent les parents de Françoise. « On sait maintenant que cet homme a fait ses preuves », ironise Isabelle.
Françoise Hohmann, 23 ans, avait pris un « job d’étudiant » pour « payer ses études », selon ses parents. « Une jeune fille vaillante et bûcheuse et trop confiante », fait remarquer Isabelle. Elle avait « recommandé » à sa soeur d’être « prudente » en allant dans le quartier sensible de HautePierre à Strasbourg. C’est là-bas qu’elle a été vue pour la dernière fois, le 8 septembre 1987. Prospectrice commerciale
Kaltenhouse (Bas-Rhin), jeudi. René Hohmann, père de Françoise, et son épouse ont eu « une terrible impression de déjàvu » lorsque le nom de Jean-Marc Reiser est apparu dans une nouvelle affaire criminelle.