Ces entreprises suisses qui délocalisent en France
L’instauration en Suisse de la préférence nationale à l’embauche pousse des sociétés helvètes à passer la frontière.
CE SERA VESOUL ! La capitale de Haute-Saône vient d’être choisie par un groupe d’investisseurs suisses pour y créer une usine. Le groupe GNius travaille, depuis une dizaine d’années, sur la création d’une combinaison destinée aux pilotes de chasse. Un brevet mondial a été déposé.
« Cette combinaison est issue d’un assemblage de 220 pièces de tissus, explique Patrick Beyeler, directeur de l’entreprise suisse. Le principe des combinaisons n’avait pas été remis en cause depuis les années 1950. C’est un système nouveau qui permet de supporter des pressions jusqu’à 9 G ».
MAIN-D’OEUVRE MOINS CHÈRE ET PLUS DISPONIBLE EN FRANCE
Dans un premier temps, ce sont une centaine de personnes qui vont être embauchées sur le site de Vesoul. « Mais le projet prévoit 250 emplois, peut-être plus. Il reste juste à trouver un site idéal à Vesoul », explique Jean-Pierre Tolo, qui va mener à bien le procès de fabrication pour son entreprise G-Manufacture. Les premières combinaisons devraient être fabriquées en 2019 après une campagne d’embauches et de formation.
Cet imposant projet industriel illustre une tendance confirmée en Franche-Comté : l’implantation d’entreprises suisses en France. « C’est une tendance lourde, explique Laurent Sage, directeur à la chambre de commerce et d’industrie du Doubs, département frontalier de la Suisse. Depuis la votation qui a établi en juillet une préférence nationale à l’embauche en Suisse, les relations avec l’Europe se sont tendues. Pour l’Europe, ce choix populaire n’est pas compatible avec les accords bilatéraux existants. La conséquence est que l’on entre dans une période favorable pour la France puisque les entreprises suisses ont, de nouveau, intérêt à s’installer dans la zone euro. D’autres projets devraient se confirmer. »
Autre intérêt de cette délocalisation, le coût de la main-d’oeuvre et la meilleure disponibilité des travailleurs français. Le choix de Vesoul, où le taux de chômage est bien plus important qu’en zone frontalière, est aussi significatif. « L’intérêt est de ne pas être trop proche de la frontière pour trouver plus facilement du personnel, expliquait Marc-André Cornu, patron suisse à la tête d’une biscuiterie installée près de Besançon. En Suisse, beaucoup de travailleurs frontaliers français composent nos effectifs ! »
Vesoul (Haute-Saône), le 5 septembre. Le groupe G-Nius va fabriquer une combinaison destinée aux pilotes de chasse.