L’homme-araignée s’anime en noir
« Spider-Man : New Generation » revisite le mythe en remplaçant le superhéros par un métis sud-américain, avec une animation pétaradante à la clé.
I l fallait oser : « Spider-Man : New Generation » éjecte brutalement son héros d’origine, Peter Parker, pour le remplacer par un ado métis, d’origine afro- et sud-américaine. Il va devoir sauver le monde et affronter de terrifiants méchants, mais va trouver de l’aide auprès d’autres SpiderMan venus de dimensions parallèles, parmi lesquels un justicier débarqué des années 1930 qui voit la vie en noir et blanc, ou une fillette et un robot qui déboulent du futur. Tous devraient faire un carton auprès des jeunes spectateurs, d’autant que ce nouveau film a été tourné non pas en images réelles mais en animation, avec un graphisme très moderne. Revue de détail avec les réalisateurs du film, Bob Persichetti, Peter Ramsey et Rodney Rothman, rencontrés à Paris.
UN ADO HORS NORME
Terrassé par un ennemi trop fort, Peter Parker passe donc le relais à Miles Morales, adolescent de Brooklyn qui connaît des problèmes dans sa famille, des soucis à l’école, et qui a luimême été piqué par une araignée mutante, d’où ses superpouvoirs naissants. Une fois sa combinaison — non plus rouge, mais noire, comme sa couleur de peau — enfilée, il va passer à l’action en improvisant. C’est Stan Lee, le créateur de SpiderMan, qui avait imaginé cette digression dans ses comics, et les vrais fans connaissent bien Morales. « Même s’il n’a pas les mêmes origines que Peter Parker, il doit composer avec les mêmes difficultés : la pauvreté, l’injustice, son corps adolescent qui se transforme, les premiers émois sentimentaux, le sentiment d’être un héros de l’ombre, précisent les réalisateurs. Tout ça le rapproche de Parker et aide le spectateur à s’identifier. » Carton assuré auprès des ados, tant ce Spider-Man hors norme leur ressemble…
Ayant pris le parti de réaliser le film en animation, et non pas en images réelles, les cinéastes ont misé sur un graphisme très moderne, à la lisière entre le manga japonais et les comic books américains. « L’idée de départ, qui nous a guidés jusqu’au bout, était d’utiliser à fond les BD de base pour inventer un langage cinématographique », poursuivent les cinéastes. Les animateurs ont donc poussé à fond les passerelles entre le septième et le neuvième art : le graphisme inclut graffitis, strips, bulles, street art…
L’animation aidant, le récit se déroule à 300 à l’heure et ne laisse pas une seconde de répit au spectateur. Morales cavale et vole dans New York, poursuivant des super vilains, quand ils ne sont pas à ses trousses, sans jamais souffler. « Toute la charte graphique a été conçue au service de l’histoire, détaillent les créateurs du film. Or, l’histoire allait très vite : il nous a fallu rendre à l’écran cette impression de vitesse extrême, toujours en respectant les codes de la BD. Ce qui, en un sens, est moins difficile qu’avec des images réelles : l’animation permet de tout inventer, sans limites. On peut accentuer les couleurs, le mouvement, le déroulé d’une course-poursuite… » Pour ceux qui voient le film, les impressions d’accélération et de rapidité s’avèrent absolument ahurissantes et participent à la réussite de ce film lançant un nouveau superhéros qui devrait connaître des suites…
film d’animation de Bob Persichetti, Peter Ramsey et Rodney Rothman. 1 h 57. Dès 10 ans.
Le jeune Miles Morales (à gauche) vole la vedette à Peter Parker.