Centres-villes : faut-il enterrer les commerces ?
En France, le commerce de proximité va mal. Ce n’est pas un scoop ! La Seine-et-Marne est particulièrement touchée, elle qui souffre de problèmes de mobilité et de concurrence avec Paris et sa proche couronne.
« Centres commerciaux aseptisés »
On connaissait la désertification médicale, voici maintenant venir la désertification commerciale. La France compterait en moyenne plus d’un commerce sur dix fermés dans ses centresvilles. Les villes moyennes ou petites sont les plus touchées, mais le phénomène n’épargne pas les grandes métropoles, à l’exception de quelques-unes comme Paris. Pour contrer cela, le gouvernement a annoncé un plan d’action plus symbolique que salutaire avec 1 million d’euros d’aide.
En Seine-et-Marne, la situation est tout aussi alarmante qu’ailleurs, puisqu’il s’agit d’une problématique nationale. Il suffit de parcourir les villes - grandes, moyennes ou petites - du département pour se rendre compte de cette réalité, implacable. Les centres commerciaux fleurissent, le plus souvent dans les périphéries urbaines toutes identiques les unes aux autres, tandis que les centres-villes rament à contre-courant. Du Nord au Sud, de Nemours et Monterau-Fault-Yonne à Meaux et Chelles, en passant par Melun, Coulommiers ou encore Provins, le phénomène se lit dans la détresse des commerçants. Mais la désertification commerciale est injuste, elle ne frappe pas tout le monde avec la même intensité !
À Coulommiers, bassin d’emploi le moins touché par le chômage dans toute la Seine-etMarne,
la situation reste relativement tenable. « C’est vrai que l’on voit quelques commerces fermés, je trouve ça dommage, mais ça pourrait être pire et j’arrive toujours à trouver ce que je recherche quand je fais du shopping », assure Sandra, une Columérienne de 36 ans qui affirme préférer « flâner dans le centre-ville que dans les centres commerciaux qui sont plus aseptisés. »
Franck Riester, le maire LR de Coulommiers ne nie pas cette difficulté induite, également, par la conjoncture économique, même s’il affirme que « le centre-ville que beaucoup envient reste dynamique ». Il
développe : « C’est vrai qu’il faut que nous passions à la vitesse supérieure. C’est pour cela que nous comptons créer 150 places de stationnement d’ici la fin 2017 à l’entrée de la rue Abel-Prouharam, près de la caserne. Nous allons aussi lancer le dispositif «Boutique à l’essai» pour soutenir les nouveaux commerces qui veulent s’installer en leur proposant des conditions avantageuses dans un délai court. » La Ferté-Gaucher, Château-Thierry, etc.
À La Ferté-Gaucher, en revanche, la situation est plus critique. La ville est en effet fortement touchée par la désertification commerciale. De nombreux pas-de-porte sont fermés où en accession et la durée de vie des commerces qui s’installent est parfois très courte. Or, cette commune de même pas 5 000 habitants compte quatre grandes enseignes : le centre commercial Super U qui s’est installé il y a trois ans, auquel s’ajoute le Leader Price, l’Intermarché et le Leclerc Drive…
Même situation à ChâteauThierry où beaucoup de magasins ont fermé. « Toutes ces boutiques vides, ça baisse l’attractivité de notre ville, regrette une commerçante de prêt à porter pour femmes dans la rue piétonne, celle qui remonte vers la maison natale de Jean de la Fontaine.
Cette année a été particulièrement difficile, sans doute aussi à cause des températures, des attentats et de la crise. Mais il faut garder le moral ! Notre force c’est le relationnel, donc on mise sur ça ! »
Ugo Pezzetta, le maire LR de La Ferté-sous-Jouarre, indique même que la fermeture de la Maison de la presse dans sa ville en début d’année 2016 représente
« une baisse de fréquentation pouvant aller jusqu’à 15 % »
dans les autres commerces. Mais bonne nouvelles pour eux, celle-ci doit rouvrir prochainement ! C’est le signe que les commerçants n’ont pas déposé les armes et que leur enterrement n’est pas pour demain.