Le voisin malhonnête du sculpteur Pierre Brun condamné
Plus de onze ans après la plainte déposée par Pierre Brun au commissariat de Coulommiers, en février 2006, la justice a rendu son verdict mercredi. Et la famille du défunt sculpteur, auteur, notamment, du buste du Général de Gaulle devant l’Hôtel de Ville de Coulommiers et de statues dans le parc des Capucins, a obtenu gain de cause. Le tribunal de grande instance de Meaux a condamné Michel D.C. à huit mois de prison avec sursis pour abus de confiance et à verser 56 000 euros au titre du préjudice matériel et moral.
Michel D.C., presque la soixantaine à l’époque, était le voisin de Pierre Brun. Au gré de ses visites quotidiennes dans l’atelier du sculpteur, les deux hommes avaient noué un lien de confiance. À tel point que Michel D.C. était devenu une sorte de secrétaire pour Pierre Brun (réception du courrier, gestion des papiers, vente de sculptures, etc.) âgé, lui, de 90 ans. Mais l’artiste s’était rendu compte que de nombreux retraits et paiements avaient été faits avec l’une de ses cartes bancaires dont il ne se servait habituellement que pour son activité professionnelle. L’enquête préliminaire avait mis au jour d’importants retraits d’argent, 52 000 euros en 2003, 25 000 euros en 2004 et 2005, tranchant avec le train de vie modeste du sculpteur aujourd’hui décédé. Une autre fois, en novembre 2005, les relevés bancaires font apparaître deux pleins d’essence le même jour. Des faits troublants, d’autant que Catherine Brun, la fille de, ne trouve pas trace des relevés bancaires de son père. Ainsi, Michel D.C. était soupçonné d’avoir détourné un peu plus de 200 000 euros entre janvier 2003 et février 2006.
Pour le prévenu, appelé à la barre, il s’agit d’un « dossier constitué par des déclarations mensongères. Sa fille (à Pierre Brun) est une affabulatrice, une menteuse et elle a inondé ce dossier de façon inconcevable. Je nie formellement toutes ces accusations. » Cet habitant de Boissy-le-Châtel nie aussi le fait d’avoir eu la carte bleue de Pierre Brun en sa possession, ce qu’il avait déclaré aux enquêteurs à l’époque. « Je n’ai pas signé le procès-verbal, se défend-il. Les policiers ont transformé mes déclarations. » Au vu de sa défense, le tribunal a rejeté les faits d’escroquerie, dont il était incriminé, « en raison des lacunes du dossier, au bénéfice du doute », mais a retenu l’abus de confiance, donc. Un autre voisin était, lui, poursuivi pour recel de bien provenant d’une escroquerie mais il a été relaxé.