Comment la Ville va faire face à la suppression de la taxe d’habitation
Dès cette année, La Ferté-Gaucher verra une partie de ses contribuables être exonérée de la taxe d’habitation. Cette suppression progressive de l’impôt local voulu par le gouvernement inquiète les élus locaux.
La suppression de la taxe d’habitation fait autant saliver les ménages qu’elle donne des sueurs froides aux élus locaux. En tenant sa promesse de campagne, via une exonération progressive de l’impôt d’ici 2020, Emmanuel Macron a mis quelques bâtons supplémentaires dans les roues des municipalités, déjà victimes d’une baisse drastique des dotations de l’État.
Une perte de 465 000 euros
À La Ferté-Gaucher, où 52 % des foyers ne payaient déjà pas la taxe d’habitation, cela représente un manque à gagner de 465 000 euros pour la mairie. Mais la majorité municipale n’a pas l’intention de l’augmenter dans les années à venir. « Nous devons faire mieux et avec moins de moyens » , commente stoïquement le maire, Yves Jaunaux. En effet, si le gouvernement a assuré que les pertes seront compensées au centime près, le président de la République n’a pas dévoilé la façon dont il allait s’y prendre.
Plus de compétences, moins de moyens
« Les communes sont inquiètes. On nous retire une source de revenus, nous ne sommes pas sûrs qu’elle sera compensée et on nous rajoute des charges » , poursuit l’élu fertois, qui fait référence à la délivrance des cartes d’identité et des passeports, en plus du transfert de l’enregistrement des pactes civils de solidarité (Pacs) des tribunaux aux états civils des mairies depuis le 1er novembre.
En dépit de ce que l’édile appelle un « désengagement de l’État » , la mairie de La Ferté-Gaucher devra équilibrer son budget sur la base de 5 millions d’euros de recettes. « Nous ne sommes pas dans le confort mais nous irons à l’essentiel, avance Monique Casafina, la directrice générale des services. Tous les leviers de finance- ment s’appauvrissent, cela devient préoccupant. » Depuis 2015, la municipalité a fait 182 000 euros d’économies en fonctionnement. En 2017, par exemple, deux des soixante-quatorze agents municipaux n’ont pas été remplacés.
Des exemples à Jouysur-Morin, Chevru…
D’après les chiffres du Parisien, 84,32 % des foyers de Jouy-sur-Morin seront exonérés de la taxe d’habitation avant 2020. Ce pourcentage représente 742 des 880 ménages jouyssiens. Dans le secteur proche de La Ferté-Gaucher, il s’agit de l’une des communes les plus touchées par la nouvelle mesure. Même chose à Chevru (83,97 %) où 309 des 368 foyers ne paieront plus cet impôt local, à Montolivet où seuls quinze foyers seront encore assujettis à la taxe d’habitation dans deux ans, ou Chartronges qui verra la part des foyers exonérés de la taxe d’habitation passer de 11,82 % à 76,36 %.
Le calendrier prévoit une première baisse de 30 % pour tous les ménages concernés en 2018, puis une autre baisse en 2019 avant une suppression totale en 2020.