Le Pays Briard

« C’est une question de vouloir »

Le 15 décembre 2017, le lycée Thibaut de Champagne honorait ses bacheliers, dont leur surveillan­t qui a validé son Bac à 55 ans. Rencontre.

- Propos recueillis par Sébastien LATTANZIO

Jean-Marie Lecoeuvre est un homme simple. Humble. Après 34 années passées au service de la sucrerie de Nangis en tant que chaudronni­er et turbineur, il a dû arrêter son activité pour cause de maladie profession­nelle. Depuis novembre 2015, il a intégré l’équipe d’assistant d’éducation du lycée Thibaut de Champagne. Ce qui lui a permis de poursuivre dans de bonnes conditions le passage de son baccalauré­at dans le cadre d’une Validation des acquis de l’expérience (VAE). Eric Mansencal, le principal du lycée Thibaut de Champagne en faisant son bachelier le plus méritant pour l’année 2016/2017.

Pour quelles raisons avoir choisi de passer votre baccalauré­at ?

Quand je me suis retrouvé au chômage on m’a demandé ce que je voulais faire. J’ai été formé par quelqu’un qui avait toujours le désir de transmettr­e son savoir. Cela a été le fil conducteur de ma vie. C’était important pour moi. Je me suis retrouvé au Greta de Montereau au moment de mon chômage et des professeur­s m’ont encouragé à passer ma validation des acquis de l’expérience. Je me suis ensuite retrouvé au lycée. Au fil de ma vie, j’ai trouvé des gens qui ont su me pousser. Ici, j’utiliserai­s bien le mot famille. J’ai été soutenu.

Quel est le principe d’une validation des acquis de l’expérience ?

Quand on a trois ou six ans d’expérience dans son métier on peut prétendre à passer une validation des acquis de l’expérience. Il faut prouver l’expérience dans le métier. Il faut aussi constituer un premier dossier puis travailler sur un deuxième dossier pour prouver quatre activités effectuées dans son métier. Il faut au moins un an pour valider sa VAE. Mon deuxième dossier faisait 126 pages.

Votre validation des acquis de l’expérience en poche, que voulez-vous faire ?

Si je l’ai passé c’était pour enseigner. Je suis prêt. Néanmoins, je me sens très bien au lycée Thibaut de Champagne. Quand je passais mon VAE j’ai eu le soutien de ma femme, ma famille, mes amis, le personnel et y compris les élèves du lycée Thibaut de Champagne. Un jour en permanence j’ai dit à des élèves que je passais aussi mon bac. Les élèves ont été surpris. Ils m’ont demandé mon âge. L’un d’entre eux a dit que j’avais connu la guerre froide puis ils se sont dits « Il va passer le bac à son âge. Si lui l’a, alors nous… ». Cet échange a été une motivation toute l’année. Plus les jours avançaient, plus on se disait que l’on allait passer le bac.

Votre rôle d’assistant d’éducation semble vous tenir à coeur. À quoi consiste-t-il à vos yeux ?

C’est plus que cela. Au-delà d’aller chercher les élèves. Il y a tout l’aspect relationne­l avec eux. Avec plus de 1 000 élèves, on est confronté à des personnali­tés différente­s. Il faut s’adapter, les reprendre, les garder, les comprendre. Il doit y avoir un respect mutuel. On peut être un point de repère. Quel conseil pouvez-vous donner à une personne qui souhaite passer une VAE ?

Je réfléchis toujours à ce que je fais mais là j’ai foncé. Je suis fils de mineur et mon père m’a toujours appris que l’on obtenait des choses en travaillan­t. En travaillan­t dur. Si on a un rêve pour qu’il devienne réalité cela passe par le travail. La VAE dure un an. Je consacrais mes jeudis à cela, de 8 à 20 heures et j’y étais aussi un peu chaque jour. C’est possible. Ce n’est pas une question d’âge. C’est une question de vouloir. Il faut être déterminé.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France