Le Pays Briard

Un quotidien insoutenab­le

- Clément MADONNA

Le blocage des prisons par les surveillan­ts démontre le malaise d’une profession. Témoignage­s dans les prisons de Melun et Réau.

Vendredi 26 janvier, l’UfapUnsa, syndicat majoritair­e dans la profession, a validé les propositio­ns avancées la veille par le ministère de la Justice pour mettre fin au mouvement des surveillan­ts pénitentia­ires constaté localement dans les prisons de Melun et Réau. FOpénitent­iaire qui a annoncé, dès jeudi, rejeter l’accord, parle de « trahison » , tout en affirmant vouloir « réinterrog­er la base » pour déterminer la suite à donner au mouvement. La CGT, troisième syndicat de surveillan­ts, refuse également de signer l’accord et dit continuer à soutenir les surveillan­ts qui se mobilisera­ient.

Ce texte comprend des mesures pour améliorer la gestion des détenus radicalisé­s, comme la constructi­on de 1 500 places dans des quartiers étanches, et des mesures concrètes pour renforcer la sécurité des agents comme le menottage des détenus dangereux et un retour aux fouilles inopinées de cellules.

Le ministère s’est également engagé sur la création de 1 100 emplois supplément­aires et sur une enveloppe de plus de 30 millions d’euros pour renforcer les indemnités perçues en complément de salaire par les surveillan­ts.

Mais au-delà des annonces et négociatio­ns, c’est le quotidien de ces surveillan­ts qui interpelle. Pour les grévistes, le premier des dangers provient des détenus radicalisé­s qui n’hésitent pas à agresser les surveillan­ts à la moindre opportunit­é.

Des risques quotidiens

A Réau, Loïc Del Broque nous explique les soucis qu’il perçoit, jour après jour, dans le quartier d’isolement : « Les détenus qui sont placés la bas sont dangereux. Aujourd’hui, notre manque d’effectif nous empêche de respecter les mesures de sécurité. Nous ne pouvons même pas encadrer correcteme­nt les plus dan- gereux, faute de personnel, et l’État s’étonne que l’on se fasse agresser. »

Cependant, ces problèmes quotidiens ne sont pas cantonnés à un secteur de la prison : « Nous pouvons nous faire agresser à n’importe quel moment. Les détenus manifesten­t leur mécontente­ment et leurs frustratio­ns sur nous… » , résume M. Del Broque.

La sécurité, le facteur majeur

Face à cela et à de nouvelles radicalisa­tions au sein des prisons, le personnel pénitentia­ire de Melun demande la constructi­on de prisons spécialeme­nt pour les radicalisé­s et les terroriste­s. Par ailleurs, il souhaite l’embauche de nouveaux fonctionna­ires pénitentia­ires afin de proposer un environnem­ent de travail plus sécuritair­e pour la collectivi­té carcérale.

Lié à ces problèmes, les surveillan­ts de prison demande le retour de la fouille sur les prisonnier­s pour endiguer les trafics (drogues, téléphones) entre prisonnier­s et éviter la présence d’armes dans l’établissem­ent.

Enfin, le mouvement syndical souhaitait mettre en avant les faibles salaires perçus par rapport aux importants risques encourus. Une situation délicate ou l’augmentati­on des salaires serait une véritable reconnaiss­ance des risques et de l’importance de la profession dans la société.

 ??  ?? De 4h30 du matin à 9h00, le personnel pénitentia­ire de la prison de Melun s’est mis en grève lundi 22 janvier.
De 4h30 du matin à 9h00, le personnel pénitentia­ire de la prison de Melun s’est mis en grève lundi 22 janvier.

Newspapers in French

Newspapers from France