Par ici la sortie ?
La mairie de Jouy-sur-Morin est décidée à vendre l’ancienne gare. L’opposition, qui souhaiterait lui offrir une seconde vie, enrage.
« Nous paralysons d’autres projets »
Pour la troisième fois en autant de conseils municipaux, la vente de l’ancienne gare figurait à l’ordre du jour, mercredi 24 janvier. Depuis le mois de septembre, le sujet cristallise les tensions entre la majorité, soucieuse de vendre le bâtiment, et l’opposition qui souhaiterait au contraire le réhabiliter.
La vente annoncée en septembre…
Le 27 septembre, déjà, les échanges avaient été vifs. Le maire de Jouy-sur-Morin, Luc Neirynck, annonçait la cession de la gare à un promoteur contre un chèque de 46 000 euros (dont 5 000 euros de frais d’agence). Ledit promoteur devait la transformer en logements. Un moindre mal pour la commune qui avait racheté l’ancienne gare à la SNCF, la sauvant ainsi d’une démolition certaine. En effet, le premier magistrat du village est conscient que l’ancienne gare fait partie du patrimoine communal. La perdre définitivement serait comme tirer un trait sur un pan de l’histoire jouyssienne. C’est pourquoi il avait émis un souhait : conserver les panneaux, aussi bien sur la façade que stockés dans un local. Mais l’opposition municipale rétorquait, par la voix de Michael Rousseau : « On pense qu’elle vaut plus de 40 000 euros, tout simplement car elle n’a pas de prix. Nous avons d’autres projets pour elle. »
… puis retardée
L’opposition a obtenu un sursis puisque le 18 décembre Luc Neirynck avisait le conseil municipal que la vente était annulée par la sous-préfecture, après que l’opposition a relevé un vice de procédure dans la transaction :
le bien n’avait pas été évalué par l’État, seulement par un agent immobilier.
S’il avait les cartes en main, le groupe Initiatives Jouyssiennes ferait en sorte de proposer un projet culturel pour « profiter notamment du flux de randonneurs qui transitent par la petite place devant la gare » , était-il expliqué dans un communiqué publié le lendemain du conseil municipal par l’opposition, qui se félicitait « d’une telle décision qui va dans le
bon sens » . Forcément, la mairie ne voit pas d’un oeil ce revirement de situation et elle a peu goûté au communiqué de l’opposition emmenée par Michael Rousseau. C’est pourquoi le devenir de la gare était de nouveau évoqué en conseil municipal la semaine dernière.
« Que fait- on de cette gare ? Il faut que l’on s’ex
plique » , introduit Luc Neirynck, qui regrettait que le potentiel acquéreur soit parti, en plus d’être passé à côté de 41 000 euros, sachant que l’État a depuis évalué le bien à 32 300 euros. « Si nous devons quelque chose, c’est aux habitants de Jouy-sur-Morin, pas à vous, lui répond sèchement Michael
Rousseau. C’est à vous, la majorité, de monter des projets, pas à nous. Nous souhaitons que la gare reste à la com
mune. » C’est bien là tout le noeud du problème. La majorité est ouverte à toute proposition mais sa capacité à investir est insuffisante, alors que la rénovation de la gare coûterait 120 000 euros selon l’opposition. Or, le fait de vendre la gare aurait permis de faire rentrer de l’argent. « Si nous gardons la gare nous
paralysons d’autres projets » , plaide l’adjointe Sylvie Thibault. En effet, la réfection de la gare s’ajouterait à une longue liste de travaux, parmi lesquels les réhabilitations de l’ancienne poste, du presbytère, de l’église, du pressoir, ou la réfection de voiries et l’extension de l’école du Champlat. « J’entends qu’il y a d’autres projets mais pourquoi se presser pour 30 000 euros ? » , s’interroge Michael Rousseau, soutenu par Michel Berthaut : « Aujourd’hui, la culture à Jouy est proche de zéro. Notre ambition est de faire vivre la gare. Nous ne sommes pas d’accord pour vendre une partie du patrimoine afin d’en faire des logements rentables. »
Luc Neirynck a posé un ultimatum de deux mois à l’opposition pour qu’elle présente un projet concret. Brièvement évoquée, la solution du référendum n’est pas privilégiée.