Le chanvre, un isolant en béton pour la société Burin-Penet
La société installée à Boissy-le-Châtel rénove l’ancien garage Peugeot, à La Ferté-Gaucher, et a fait le pari du béton de chanvre pour isoler les murs. Explications.
Le garage Peugeot de la rue des Promenades, à La FertéGaucher, n’avait plus vu autant de monde depuis le printemps 2012, lorsqu’un incendie monstre avait mis un terme à l’activité commerciale. Pas de quoi effrayer l’entreprise BurinPenet pour autant, qui a racheté les murs. Un pari audacieux pour Sébastien Burin qui expliquait dans ces colonnes il y a un peu plus d’un an : « Quand j’ai vu l’espace de ce bâtiment, la structure métallique du garage, très industrielle… J’ai été séduit. Ce qui m’inté- ressait, c’est que rien ne laissait présager qu’on pourrait faire quelque chose d’authentique. » C’est que la société familiale, installée à Boissy-leChâtel, emploie des techniques anciennes sur ses chantiers. Ici, il s’agira d’utiliser du béton de chanvre pour isoler la nouvelle structure en bois. « C’est du béton mais il n’est pas structurel, ajoute Sébastien Burin. De plus, c’est un matériau naturel et ressourçable. » Dans le béton de chanvre, la chènevotte (de la tige de chanvre concassée) est utilisée comme granulats, tandis que la chaux sert de liant. Ces composants naturels permettent à la fois de grappiller de l’espace (le béton de chanvre est projeté dans la structure en bois) et d’améliorer la performance thermique du bâti. « Le béton de chanvre possède une très bonne inertie, c’est-à-dire qu’il emmagasine de la chaleur et la restitue sur un temps plus long contrairement aux isolants traditionnels » , expose le jeune homme de 28 ans.
Planète Chanvre et pédagogie
Burin-Penet travaille en circuit court. La société Planète Chanvre, spécialisée dans la production, la transformation et la commercialisation de cette plante, fournit Sébastien Burin. Depuis six ans, elle collabore avec cent agriculteurs, dans un rayon d’une vingtaine de kilomètres autour d’Aulnoy, et emploie treize employés. Pour ce qui est de la chaux, Burin-Penet travaille avec la société Tradical installée dans le Doubs. Xavier Héron, l’un des commerciaux, évoque sa stratégie : « Nous cherchons à développer le marché de l’écoconstruction avec des entreprises innovantes. Il reste beaucoup de pédagogie à faire. Nous devons faire comprendre au grand public que le béton de chanvre répond aux exigences de durabilité et de performance. »
Démonstration
Vendredi, une démonstration de projection de béton de chanvre était organisée dans le garage fertois. Pour appliquer le mélange à sec de chènevotte et de chaux, les ouvriers utilisent une bétonneuse particulière. Entre l’achat de la machine et la formation, l’entreprise BurinPenet a investi 40 000 euros. La machine, spécialement conçue pour l’emploi du chanvre, n’est que la 83e de France à être commercialisée, et la troisième seulement en Ile-de-France. Une fois appliqué et séché, le béton de chanvre se trouve être aussi un formidable régulateur d’humidité et ses caractéristiques lui permettent en outre de lutter efficacement contre les incendies.
« Un matériau naturel et ressourçable »