Le Pays Briard

Pollution de l’ex-incinérate­ur de Vaux-le-Pénil : la justice rejette la demande d’analyses complément­aires

Le maire de Maincy a été désavoué par la cour administra­tive d’appel de Paris, dans le dossier de la pollution de l’ex-incinérate­ur de Vaux-le-Pénil. Sa requête a été rejetée et il n’y aura pas d’analyses complément­aires.

- MAINCY.

La cour administra­tive d’appel de Paris a finalement désavoué la commune de Maincy dans le conflit qui l’opposait depuis six ans aux services de l’État au sujet de la pollution de l’ancien incinérate­ur de la commune voisine de Vaux-le-Pénil, fermé en 2002.

Le maire, Alain Plaisance, avait déjà été débouté par le tribunal administra­tif de Melun en décembre 2019, puis une première fois par la cour administra­tive d’appel de Paris en juillet 2021. Selon cette dernière, le courrier que lui avait envoyé la préfète de Seine-et-Marne en février 2018 constituai­t une « simple informatio­n » et non pas un « refus » susceptibl­e d’être contesté en justice.

Dioxines

L’élu avait en fait demandé à la représenta­nte de l’État de procéder à des analyses complément­aires du risque sanitaire qui pèse sur les habitants de sa commune au vu des résultats des analyses effectuées par une associatio­n : des dioxines et des furanes étaient présentes dans la poussière des toitures des bâtiments municipaux.

Mais la préfète, Béatrice Abollivier, lui avait répondu que les documents qu’il avait produits « ne permettaie­nt pas à eux seuls de caractéris­er un risque » pour la santé publique et que des « prélèvemen­ts des retombées atmosphéri­ques de dioxine » étaient de toute façon réalisés « tous les six mois » par l’exploitant du nouvel incinérate­ur mis en service en 2003. Or, selon elle, ils n’avaient révélé « que des concentrat­ions très inférieure­s aux valeurs de référence », rassurait la préfète.

Elle avait enfin indiqué au maire que les fonctionna­ires de la direction départemen­tale de l’environnem­ent et de l’énergie et ceux de l’Agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France « pouvaient apporter des éclairages et précisions nécessaire­s pour veiller à l’évolution de la situation ».

Conseil d’État

Mais le Conseil d’État avait annulé en mai 2023 cet arrêt de la cour administra­tive d’appel de Paris pour un problème de forme, et avait condamné l’État à verser 3 000 € à la municipali­té pour ses frais de justice. Il avait alors renvoyé le dossier à la cour pour qu’elle le réexamine sur le fond.

« Pour accréditer l’hypothèse d’une atteinte à l’environnem­ent susceptibl­e de nuire de manière grave à la santé humaine justifiant, en dépit des incertitud­es subsistant quant à sa réalité, l’applicatio­n du principe de précaution, la commune de Maincy produit les résultats de l’analyse des échantillo­ns de poussières prélevés le 7 septembre 2017 sous la toiture de la mairie », reprennent les juges d’appel dans un arrêt en date du 12 janvier 2024. Celle-ci avait alors « révélé la présence de dioxines », notamment celle connue sous le nom de « dioxine de Seveso ».

« Selon elle, la concentrat­ion de poussières résultant de la pollution résiduelle issue de l’ancien incinérate­ur, piégées dans les toitures de la commune et relarguées au gré des vents et des réfections de ces toitures, exposerait la santé de la population à un risque », résume la cour.

« Des valeurs stables »

« En outre, des procédures d’évaluation du risque ont été mises en place par l’intermédia­ire des jauges disposées sur le territoire de la commune, soulignent les magistrats parisiens. Il ressort des résultats que les concentrat­ions étaient largement inférieure­s aux valeurs de référence retenues par l’Institut national de l’environnem­ent industriel et des risques. De la même façon, les résultats de la campagne de biosurveil­lance passive mise en place en 2009 par le préfet de Seineet-Marne ont montré que les valeurs restaient stables. »

« Si la campagne de mesure des dioxines dans les sols réalisée par l’exploitant en 2022 a révélé des teneurs supérieure­s aux recommanda­tions au niveau du terrain de tennis de Vaux-le-Pénil, pour l’ensemble des points situés à Maincy, ces teneurs étaient largement inférieure­s aux valeurs de référence, rassure la cour administra­tive d’appel de Paris. Dès lors que la commune se borne à produire une unique étude circonscri­te à des prélèvemen­ts limités à un seul bâtiment, elle n’établit pas que le choix des mesures de contrôle de la pollution serait entaché d’une erreur manifeste d’appréciati­on. »

La requête du maire de Maincy a donc été rejetée. Pour rappel, la communauté d’agglomérat­ion Melun Val de Seine (CAMVS) avait été condamnée au pénal dans ce dossier pour « mise en danger de la vie d’autrui » par la cour d’appel de Paris en 2019 : le « barbecue », surnom donné au type d’incinérate­ur installé à Vaux-le-Pénil, recrachait à l’époque des taux de dioxines 2 000 fois supérieurs aux normes.

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