Le Pays Briard

Ils valorisent les biodéchets des supermarch­és et des collectivi­tés

- ENVIRONNEM­ENT. PRESLES-EN-BRIE

aloriser les biodéchets afin qu’ils ne terminent pas dans un incinérate­ur. Voici le défi dans lequel se sont lancés les frères Guillier. Avec leur société qu’ils ont baptisé Les Gloutons, Maxime et PierreEdou­ard récupèrent les biodéchets (lire encadré) dans le but de les transforme­r en gaz renouvelab­le et en engrais naturel.

Mais avant d’en dire plus sur leur concept, une petite présentati­on du binôme s’impose. Fils d’agriculteu­rs implantés à Chevru, entre Coulommier­s et Provins,

VMaxime et Pierre-Edouard ont suivi des études dans le domaine des énergies renouvelab­les. Devenus ingénieurs, les frères ont choisi de s’investir dans la constructi­on d’un méthaniseu­r à la Ferté-Gaucher. Unité qui devrait être mise en fonction au printemps prochain.

« Absurde de brûler des restes alimentair­es »

En parallèle de ce dossier de méthaniseu­r dans l’est du départemen­t, ceux-ci ont eu l’idée de créer une société afin de valoriser les biodéchets. « Les premières réflexions à ce sujet remontent à 20202021, lorsque nous nous sommes rendu compte que la plupart des biodéchets partaient à l’incinérate­ur, révèle Maxime Guillier. Quand on y réfléchit de plus près, c’est totalement absurde de brûler des restes de salades, des épluchures ou encore de la viande. Surtout quand on sait que ces produits sont principale­ment composés d’eau ». C’est ainsi qu’est née la société Les Gloutons.

Après plusieurs mois d’élaboratio­n, le projet a fini par entrer dans le concret à Presles-en-Brie, où la famille Guillier exploite des terres, avec la mise en service d’une nouvelle unité. « Nous faisons venir dans ce bâtiment tous les biodéchets qui émanent des supermarch­és, c’est-à-dire des invendus ou des produits périmés, reprend Maxime Guillier. Il peut également s’agir de biodéchets provenant des collectivi­tés ».

Acheminés à l’installati­on de Presles-en-Brie par camion, les biodéchets sont alors déconditio­nnés. « Les viandes, légumes ou fruits arrivent souvent avec des barquettes ou encore des emballages plastiques. Le but du jeu est de les séparer de ces emballages, afin qu’il ne nous reste plus que les matières organiques », décrypte l’ingénieur.

Les biodéchets sont alors pressés, tandis que les emballages plastiques partent directemen­t à l’incinérate­ur. Compressés, les déchets prennent alors l’apparence d’une soupe qui est ensuite placée dans des cuves pendant plusieurs semaines. C’est ainsi que commence le processus de méthanisat­ion. « De cette fermentati­on va naître le biométhane, un gaz renouvelab­le qui pourra être injecté dans le réseau de gaz local. Il servira à chauffer des foyers », récapitule Maxime Guillier.

Mais ce n’est pas le seul avantage de la méthanisat­ion. Outre le gaz dit « vert », la décomposit­ion des aliments produit ce qu’on appelle du digestat. « Il s’agit d’un engrais naturel très fertilisan­t, ajoute l’agriculteu­r. Ce dernier pourra être épandu sur les terres de nos agriculteu­rs partenaire­s ».

Réflexions autour des plastiques

A l’année, l’installati­on de Presles-en-Brie est capable d’absorber 10 000 tonnes de biodéchets par an. « Nous travaillon­s avec la grande distributi­on et des collectivi­tés territoria­les, à l’échelle du 77 notamment. Vu que nous effectuons toutes les étapes de la réception des biodéchets à l’épandage, cela nous permet de connaître parfaiteme­nt la traçabilit­é des produits », explique Maxime Guillier, qui emploie trois personnes dans la société.

Une démarche locale et durable que les deux frères aimeraient enrichir. « En plus de travailler avec de nouveaux partenaire­s, nous allons nous pencher sur la question des emballages plastiques. Pour le moment, ils partent à l’incinérate­ur, mais c’est sûr qu’il y a mieux à faire. Ça fera partie de nos prochaines réflexions », promettent-ils.

Mis en service au printemps 2023, la société Les Gloutons a déjà permis à près de 2 000 foyers d’être chauffés grâce au gaz vert. Dans le même temps, en stoppant l’incinérati­on des biodéchets, l’entreprise a évité le rejet de près de 3 500 tonnes de CO2 dans l’air. Un modèle vert à plus d’un titre !

Newspapers in French

Newspapers from France