Le Pays Briard

Comment ce tribunal judiciaire poursuit les conjoints violents

Les tribunaux judiciaire­s mettent en oeuvre de nombreux dispositif­s pour lutter contre les violences conjugales. La vice-procureur de Melun, Sarah Galibert, explique comment fonctionne sa juridictio­n.

- JUSTICE.

En matière de politique pénale, la lutte contre les violences faites aux femmes est prioritair­e.

« Au parquet de Melun, cela se traduit par la poursuite des auteurs, explique Sarah Galibert, vice-procureure, référente en matière de violences conjugales. L’objectif est de les déférer pour des placement éventuels sous contrôle judiciaire, avec interdicti­on de rentrer en contact avec la victime et de paraître au domicile conjugal. La priorité est d’éloigner les conjoints du domicile avec l’aide de l’Arile, une associatio­n seine-et-marnaise. Grâce au maillage associatif, nous pouvons aussi proposer des places d’hébergemen­t pour les femmes. »

La magistrate travaille en étroite collaborat­ion avec une juriste spécialisé­e, Arany Sinnadurai, et avec l’Avimej, l’associatio­n d’aide aux victimes qui tient une permanence au sein du tribunal judiciaire melunais.

« Les services d’enquête sont de mieux en mieux formés et sont en lien avec des assistante­s sociales, indique Sarah Galibert. Ils doivent transmettr­e toutes les plaintes au pôle des violences intrafamil­iales, un nouvel organe créé par le législateu­r en début d’année. »

430 condamnati­ons en 2023

« Grâce aux notes de l’Avimej, on peut juger avec un oeil affiné les auteurs, la situation présente de la victime et l’état de la relation conjugale », poursuit-elle.

Selon la gravité des faits et les antécédent­s judiciaire­s des suspects, ils peuvent être présentés en comparutio­n immédiate au tribunal correction­nel. En 2023, 452 personnes ont été jugées à Melun pour des infraction­s aggravées par le lien de la conjugalit­é, ce qui a donné lieu à 430 condamnati­ons : 95 % des poursuites ont ainsi abouti.

Les magistrats ont également un autre arsenal à leur dispositio­n : les téléphones portables « grave danger », qui disposent d’un bouton pour appeler la police ou la gendarmeri­e en cas d’urgence. Trente appareils un chiffre qui a presque doublé depuis 2021 - sont actuelleme­nt dans les mains de femmes qui habitent dans le ressort judiciaire.

En ce qui concernent les bracelets anti-rapprochem­ents, cinq personnes sont pour le moment suivies.

Prévention

Le parquet intervient aussi lors des stages de prévention que suivent les mis en cause, et qui peut s’avérer efficace. « C’est une formule qui marche plutôt bien et qui permet une prise de conscience sur la relation entre hommes et femmes », estime la viceprocur­eure.

La juridictio­n intervient également en extérieur pour sensibilis­er le public. A titre d’exemple, un café-débat a été organisé à l’hôpital de Melun, et une convention a été établie avec tous les centres hospitalie­rs de Seine-et-Marne pour les signalemen­ts.

En interne, le comité de pilotage se réunit tous les deux mois afin d’évoquer les situations individuel­les qui posent problème, et chaque année, se tiennent en Seine-et-Marne les assises des violences conjugales. On le voit, la justice a du pain sur la planche.

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