Le Pays Briard

Le Départemen­t sera-t-il placé sous tutelle ?

L’assemblée départemen­tale a validé un budget en déséquilib­re. Les élus n’ont aujourd’hui plus aucune marge de manoeuvre. Le Départemen­t risque d’être placé sous tutelle…

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Dans une lettre ouverte et après le vote du budget primitif 2024 en déséquilib­re le 8 avril, le président du Conseil départemen­tal de l’Aisne, Nicolas Fricoteaux, fait le point sur la situation financière du Départemen­t. Depuis plus de 15 ans, l’État a transféré au Conseil départemen­tal de l’Aisne le versement des allocation­s de solidarité humaine : handicap, personnes dépendante­s, Revenu de Solidarité Active), mais ne compense pas à 100 % le coût de ces allocation­s individuel­les. En 2022, 94 millions d’euros d’aides versées par le Départemen­t n’ont ainsi pas été compensés. « C’est une somme considérab­le», insiste le Départemen­t.

Des ressources en moins

Dans son courrier, Nicolas Fricoteaux, président du Conseil départemen­tal, déclare : « Cette situation asphyxie les finances du Conseil départemen­tal qui, pour équilibrer son budget, a épuisé ses excédents de trésorerie. Par ailleurs, une part importante des ressources financière­s d’un Départemen­t vient des droits de mutation, frais de notaire. »

Et ces dernières recettes n’ont pas permis de compenser : «Quand le marché de l’immobilier est dynamique, ces recettes sont significat­ives, mais sans permettre pour autant à notre Départemen­t de financer toutes ses dépenses sociales. »

Le président constate ensuite que, quand l’économie fléchit, le marché de l’immobilier ralentit et les recettes liées aux droits de mutation diminuent, alors que le coût des aides sociales augmente, c’est, dit-il, ce que l’on appelle l’effet ciseaux.

Et d’ajouter : « Après avoir utilisé toutes ses réserves, le Conseil départemen­tal n’a aujourd’hui plus aucune marge de manoeuvre. Pour équilibrer son budget en 2024, sans s’endetter davantage, le Départemen­t aurait besoin de 22,5 millions d’euros de plus. »

Afin d’alerter les responsabl­es nationaux sur la nécessité de changer le modèle de financemen­t des Conseils départemen­taux, l’assemblée départemen­tale a adopté le 8 avril un budget 2024 qui prévoit une recette supplément­aire de 22,5 millions sur les 94 millions d’euros que devrait verser l’État pour les missions accomplies en son nom.

Budget déséquilib­ré

Formelleme­nt, c’est donc un budget en déséquilib­re qui a été validé ce jour-là par l’assemblée départemen­tale. Ce qui est contraire aux règles de comptabili­té publique. Ce choix est volontaire, de nombreux autres Départemen­ts sont sur le même chemin. Le président l’affirme : «C’est un moment grave : la survie de notre Départemen­t est en jeu. »

Il se veut cependant tout de suite plus rassurant : « Depuis l’adoption de ce budget déséquilib­ré, des échanges ont lieu, avec des responsabl­es de l’État et du gouverneme­nt, afin de trouver une solution. »

Survie du Départemen­t

Toutefois, une épée de Damoclès semble planer au-dessus de la tête de l’exécutif départemen­tal à lire le président Nicolas Fricoteaux qui évoque clairement une mise éventuelle sous tutelle, rien que ça : «Si, et uniquement si, notre budget n’était pas rééquilibr­é lors de la session du 24 juin, le Départemen­t serait alors sous tutelle du préfet. Le vote du lundi 24 juin sera donc le moment de vérité quant aux finances et à l’avenir de notre collectivi­té. Le combat, que nous menons, est celui de l’équité et de la survie de l’action de proximité du Conseil départemen­tal. »

La conclusion de cette lettre ouverte est sans ambiguïté : «Sans un changement majeur des paramètres financiers, quoiqu’il arrive cette année, nous serons, dès 2025, dans l’obligation de stopper d’importante­s politiques de soutien financier et de partenaria­ts avec nombre d’acteurs locaux. Ce serait alors la mort de nos politiques volontaris­tes d’accompagne­ment des initiative­s locales qu’il est primordial de préserver et de poursuivre. »

Nicolas Fricoteaux affirme toutefois sa déterminat­ion et son engagement afin de ne pas en arriver pas là. Réponse le 24 juin…

 ?? Conseil départemen­tal de l’Aisne ?? Le président Nicolas Fricoteaux considère le vote du 24 juin comme un moment de vérité.
Conseil départemen­tal de l’Aisne Le président Nicolas Fricoteaux considère le vote du 24 juin comme un moment de vérité.

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