Le Pays Briard

Un Bon Garçon truste les récompense­s

Le film « Un Bon Garçon » de Paul Vincent de Lestrade remporte le trophée, le prix du jury, celui des lycéens et le prix du meilleur acteur de ce 4e festival.

-

Il est des moments qui semblent avoir été sous la protection des dieux. Le palmarès de la 4e édition du festival des courts-métrages de Montmirail, ce samedi soir 13 avril 2024, appartient à ces moments uniques où un film rencontre un jury issu en partie de cette ruralité qui se montre bien plus moderne que ne peuvent le prétendre les plus rétrograde­s de ses représenta­nts. «Un bon Garçon» est un court-métrage dur. Il n’est qu’à lire son synopsis pour s’en convaincre : « Maxime a 16 ans. Nageur talentueux, il se prépare à entrer en sport études. Un après-midi, la police débarque pendant un entraîneme­nt pour interroger son coach, accusé d’abus sexuel par un des enfants du club. Ces accusation­s vont fissurer la carapace de silence que Maxime a construite pour survivre aux abus qu’il a lui-même subis des années plus tôt. »

Cachez cette dureté…

« Il n’existe pas de silence assez profond pour empêcher votre parole d’être entendue. » Les membres du jury ont fait fi de ces douleurs et de la répugnance parfois diffuse aux confins de la ruralité de voir la dureté des vies qui ne sont pas les siennes, ou qui n’accepte pas que cela soit les siennes, pour lui attribuer plusieurs prix : celui du jury, celui des lycéens de la section Cinéma audiovisue­l du Lycée de la Fontaine du Vé à Sézanne et celui du meilleur acteur décerné à Igor van Dessel. Absent pour cause de tournage, l’auteur, Paul Vincent de Lestrade, a adressé un message poignant au public lors de cette remise des prix : « Je suis allé présenter le film au festival de Moustier. À la fin de la projection, un monsieur d’une cinquantai­ne d’années, en larme, le visage tendu par l’émotion et l’effort qu’il faisait pour me parler, est venu me dire : c’est mon histoire que vous avez racontée. C’est ce que j’ai vécu. » Puis l’auteur poursuit : « Cela démontre la capacité du cinéma à porter à la lumière ce qui reste invisible et à faire entendre ce qui est frappé de silence. Sa capacité à dire non, vous n’êtes pas seul. Je le dédie à toutes celles et tous ceux qui se sont reconnus dans le personnage de Maxime, dans sa souffrance. Dans son silence. Dans son courage. Et dans l’espoir que son parcours incarne : il n’existe pas de silence assez profond pour empêcher votre parole d’être entendue. » Après quelques secondes, c’est un long moment d’applaudiss­ements qui a ponctué cette déclaratio­n.

Les autres prix

Fortissimo remporte le prix du public et le prix de la meilleure actrice est décerné à Nolwen Bony dans Cordes sensibles.

« Cette édition nous a surpris et un petit peu perturbés aussi avec des thèmes très difficiles. Cela a été une très belle édition et une bonne organisati­on par l’Espace Loisir Culture (ELC) », dit Etienne Dhuicq, le maire de Montmirail. De son côté, Baptiste Leroy, le président de l’ELC est fier de la sélection proposée. « Le public a été ravi, les membres du jury aussi, par la qualité des films que nous avons proposés. Je trouve qu’avec cette nouvelle édition du festival, nous montons de plus en plus en gamme. »

Newspapers in French

Newspapers from France