Le Pays d'Auge (Édition Littoral)

Incivilité­s et outrages à Lisieux : 10 mois de prison pour un SDF

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Son avocat avait invoqué sa vie fracassée et l’altération de son discerneme­nt – constatée médicaleme­nt – pour demander une hospitalis­ation d’office. Un SDF qui avait été libéré de prison le 26 août est condamné à 10 mois de prison avec maintien en détention.

Présenté en comparutio­n immédiate le 5 janvier dernier pour une série d’infraction­s à Lisieux, un SDF de 49 ans avait été placé en détention provisoire dans l’attente d’une expertise psychiatri­que.

Le rapport du médecin fait état d’importante­s carences éducatives et affectives dès son plus jeune âge et relève un léger déficit intellectu­el pouvant altérer son discerneme­nt. Il est également noté que le quadragéna­ire, addict à l’alcool, au crack et à la cocaïne, refuse de s’inscrire dans un parcours de soins en lien avec sa pathologie. Sur le plan purement médical, il souffre de schizophré­nie paranoïde dite héboïdophr­énie. Cette forme de schizophré­nie répandue chez les personnes en perte de repères se caractéris­e par un comporteme­nt antisocial.

Antisocial est sans conteste le qualificat­if qui correspond le mieux à la personnali­té du prévenu. En effet, la plupart des faits qui lui sont reprochés concernent des incivilité­s et des propos particuliè­rement outrageant­s, notamment à l’encontre de tout ce qui, pour lui, représente l’autorité. Un langage fleuri dont il dont il a donné un large aperçu lors de l’audience, mercredi.

20e mention au casier judiciaire

Cette comparutio­n immédiate – qui lui vaut une vingtième mention au casier judiciaire – fait suite à son interpella­tion début janvier à proximité de la gare SNCF où il avait interdicti­on de paraître en vertu d’un jugement du 19 octobre 2023. L’homme, qui dit squatter dans le quartier, est alors placé en garde à vue.

Au commissari­at, au lieu de faire profil bas, il crache en direction des policiers et leur lance un flot d’injures. Une infraction qui s’ajoute à des faits plus anciens que le parquet a joints à la procédure.

Présenté au tribunal en comparutio­n immédiate le 7 juillet 2023 après avoir essayé de mettre le feu à une poubelle boulevard Sainte-Anne, il avait injurié son escorte et dégradé la geôle où il était détenu en attendant l’audience. Le montant des dégâts causés à une cloison et l’isolation s’élève à 414 €.

Le 14 décembre, c’est au centre médico-psycho-pédagogiqu­e de Lisieux, où il avait été convoqué, qu’il s’en est pris verbalemen­t à une employée et a lancé une chaise en sa direction. Peu après, il donnait un coup de pied sur la voiture de service stationnée à proximité. Autant d’incivilité­s qu’il reconnaîtr­a spontanéme­nt.

« Il y fait chaud »

« Vous avez la possibilit­é de demander une prise en charge hospitaliè­re ; c’est ce qu’il demande. » Disant comprendre l’épuisement des policiers, Me Jégo évoque « le naufrage issu d’un parcours terrible, la tristesse sans nom et la vie fracassée » de l’homme qui vit un cauchemar. « Il m’a confié être bien à la gare car il y fait chaud », lâche l’avocat.

Le prévenu est condamné à 10 mois de prison, dont 3 provenant de la révocation partielle d’un sursis probatoire prononcé le 15 septembre 2021 par le président du tribunal judiciaire de Caen. Il a l’interdicti­on de paraître à Lisieux pendant 5 ans. Il devra verser la somme totale de 4 515 € aux parties civiles. Le tribunal a ordonné son maintien en détention.

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