Le Pays d'Auge (Édition Littoral)

Entre les étals du marché, les commerçant­s partagent leurs inquiétude­s

Installé rue du Général de Gaulle depuis novembre, le marché de Trouville y restera jusqu’à la fin des travaux, en 2025. Entre les étals, les commerçant­s témoignent.

- • M.-M. REMOLEUR

«On a le moral dans les chaussette­s », lâche une commerçant­e qui fait partie des forces vives du marché de Trouville depuis plus de 20 ans. Installée au bout de la rue du Général de Gaulle, elle ne cache pas ses inquiétude­s. «J’ai perdu entre 50 et 60 % de chiffre d’affaires, c’est une catastroph­e. Ici, on n’aura jamais un marché comme on avait sur le quai ».

Mercredi dernier, le maintien du marché rue du Général de Gaulle était sur toutes les bouches. La veille, la Mairie avait confirmé que, finalement, le marché ne rejoindrai­t pas les quais cet été, et qu’il resterait rue du Général de Gaulle jusqu’à la fin des travaux, prévue entre mars et décembre 2025 (lire encadré). « On nous avait annoncé un déménageme­nt temporaire, mais c’est un temporaire qui va encore bien durer», ne décolère pas un camelot.

Une baisse de chiffre d’affaires

« On n’est pas bien ici, pour moi c’est entre 30 et 50 % de chiffres d’affaires en moins », insiste un commerçant du marché. Un peu plus loin, d’autres parlent de 50 % de chiffre en moins. Une exploitant­e trouvillai­se commente de son côté : « On fait un quart de notre chiffre d’affaires ». Des baisses qui s’alourdisse­nt, plus on avance dans la rue.

«Je suis la troisième génération à faire le marché de Trouville : on n’a jamais vu ça, s’emporte une commerçant­e. Avant, on travaillai­t à quatre, avec mes neveux, il y avait au moins une vingtaine de personnes à faire la queue. Là, regardez, on n’a personne. Je n’ai jamais vu le marché de Trouville comme ça ».

Un constat partagé par de nombreux camelots, qui reconnaiss­ent : « La conjonctur­e n’est pas bonne, la météo est pourrie depuis plusieurs semaines : les travaux du quai ajoutent du désagrémen­t. Si on additionne tout ça, c’est très dur pour nous ». Une colère qui a donné naissance à une pétition en ligne qui réunit aujourd’hui près de 400 signatures. « Et puis on n’a pas de sanitaires, on nous demande de garer nos camions plus loin alors qu’on a besoin d’avoir notre stock à proximité… Rien n’est fait pour nous aider ».

Parfois, un autre son de cloche

Parmi les commerçant­s du marché, certains ne dressent pas le même constat. «Je ne me plains pas, si on reste là ça me va très bien », confie un vendeur de fruits et légumes qui fait le marché de Trouville depuis 4 ans. « Je suis présent chaque mercredi et chaque dimanche : je fais l’effort d’être présent, donc mes clients font l’effort de me retrouver », poursuit-il, insistant sur l’impact que la présence du marché a pu avoir sur la vie dans l’artère.

Un constat que partage l’horloger de la rue : « Avant, la municipali­té se concentrai­t sur la partie de Trouville située entre le pont et la plage. En déplaçant le marché ici, ça fait revenir des visiteurs dans cette rue. Ça permet de faire vivre TOUTE la ville et de faire connaître à tous cette partie de Trouville ».

« Je trouve qu’on est bien ici, à terme ça permettra aux clients de se garer sur le quai et de venir au marché plus facilement, témoigne un autre commerçant du marché. Moi ça me va bien d’être ici, mais je sais et je comprends très bien que pour d’autres, c’est une catastroph­e ».

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