Le Pays d'Auge (Édition Littoral)
Un médecin du CHU condamné pour harcèlement moral et sexuel
Un professeur du CHU de Caen a été condamné par la chambre disciplinaire de l’Ordre des médecins du Calvados pour des faits de harcèlement moral et sexuel.
« Pour progresser, il va falloir sucer. » Les propos de ce genre n’étaient pas rares, au sein du service de médecine nucléaire du CHU de Caen et de la part d’un professeur en particulier. C’est ce qu’il ressort d’une enquête administrative diligentée au sein de l’hôpital, après le signalement d’un médecin assistant hospitalier universitaire qui avait eu une altercation avec le professeur en question.
Deux plaintes déposées
Suite à cette enquête interne, l’Agence régionale de santé a déposé une plainte le 24 février 2023 auprès de la Chambre disciplinaire de l’Ordre des médecins du Calvados, contre ce professeur. Le Conseil départemental de l’Ordre des médecins en avait déjà fait de même, le 29 juillet 2022, soulignant le « comportement général (du professeur) dans le service, ayant donné lieu notamment à des faits de harcèlement moral ou sexuel et à des propos racistes, sexistes, homophobes et menaçants ».
L’instance disciplinaire des médecins du Calvados a condamné le professeur incriminé, dans un jugement prononcé le 29 décembre 2023 que nous avons pu consulter, à une interdiction d’exercer la médecine durant un an, dont neuf mois avec sursis. Cette sanction, susceptible d’appel, doit prendre effet le 2 avril, jusqu’au 2 juillet.
« Ambiance particulière »
L’instruction du dossier par la chambre disciplinaire de l’Ordre des médecins a mis en évidence « l’ambiance particulière » qui régnait dans le service. Elle se traduisait quotidiennement par « de très nombreuses plaisanteries salaces ainsi qu’à des échanges et textos à caractère sexuel ». Cette ambiance sexualisée était d’une intensité particulièrement marquée.
Pour se défendre, le médecin nucléaire s’est retranché derrière une « certaine tradition carabine », un humour « grivois, leste ou encore beauf », qui permettait, selon lui, « d’entretenir la bonne humeur et la cohésion de la communauté de travail ».