Le Pays d'Auge (Édition Littoral)
Aux Franciscaines, l’artiste franco-chinois Zao Wou-Ki nous entraîne dans les allées d’un autre monde
La diversité artistique de l’artiste franco-chinois Zao Wou-Ki s’expose aux Franciscaines, à Deauville, jusqu’au 26 mai. Une exploration de sa liberté artistique qui nous fait découvrir la diversité de ses outils, au-delà de ses peintures.
« Quand on me demande ce que représente l’art de Zao Wou-Ki, je réponds que ça représente les allées d’un autre monde », sourit Gilles Chazal, commissaire de l’exposition consacrée au peintre franco-chinois qui s’est ouverte aux Franciscaines, le week-end dernier.
Un autre monde qui pourtant, parfois, fait écho à ce qu’on connait. « Il y a le réel qui existe et nous entoure, mais aussi les forces existentielles qui font naître des réalités invisibles qui deviennent éventuellement visibles », commente celui qui a réalisé cette exposition en étroite collaboration avec la Fondation Zao Wou-Ki.
Si de nombreuses expositions ont déjà été consacrées à ce grand coloriste, c’est la première fois qu’une réunit en un même lieu toutes les techniques de Zao Wou-Ki. « Quand j’ai découvert la multiplicité des outils culturels aux Franciscaines, je me suis dit qu’on pourrait faire la même chose avec Zao Wou-Ki », souligne le commissaire de l’exposition.
Un « artiste total »
Peintures, encres, aquarelles, lithographies, livres illustrés, tapisseries, porcelaines, céramiques ou encore stèles : «l’envergure de sa création » s’expose aux quatre coins de cette exposition qui lève le voile sur la richesse de son esprit créatif. Des oeuvres créées entre 1980 et 2010 ponctuées de citations de son Autoportrait.
Au gré de l’exposition, on y suit le développement de sa pratique. Par exemple avec ses encres, « art fondamental de la civilisation chinoise qu’il abandonne quand il arrive en France en 1948 pour mieux le retrouver une vingtaine d’années plus tard, de manière affranchie». On y découvre aussi ses liens avec la poésie, notamment celle d’Henri Michaux.
Tout un cheminement artistique qui célèbre une liberté créatrice d’un « artiste total » ayant emprunté une voie affranchie.
Un hommage à Monet
Cette exposition déploie l’amplitude de son oeuvre, mais aussi son histoire et ses liens tissés avec l’Occident. «On déambule dans cette exposition comme on veut, il n’y a pas de parcours à proprement parler, on se laisse guider par le souffle et une grande liberté », sourit Gilles Chazal.
Une grande liberté de circulation où le regard du visiteur circule d’un angle à l’autre, à l’image de cette liberté qui a guidé Zao Wou-Ki dans sa pratique artistique, puisant aussi bien dans la culture et les traditions de son pays natal, que s’inspirant de la peinture occidentale, notamment l’Impressionnisme. Une rencontre pour «générer un art original et puissant ».
D’ailleurs, son triptyque Hommage à Claude Monet peint en 1991 et présenté en résonance avec le Festival Normandie Impressionniste, occupe le foyer central de l’exposition. L’occasion de rappeler la filiation qui existe entre Zao Wou-Ki et l’Impressionnisme (lire encadré). « C’est la version “Zao Woukienne” en quelques sortes des Nymphéas de Monet », souligne Gilles Chazal. Un «tumulte spatial où le vide et les couleurs entrent en résonance » qui n’est pas le seul hommage que Zao WouKi a réalisé. D’autres sont exposés, comme celui à son épouse Françoise. « Il a peint 20 hommages à des ancêtres ou à des vivants : le lien aux autres est important pour cet artiste chinois désireux d’harmonie », commente le commissaire.
Une exposition d’une grande richesse qui donne « à ressentir visuellement le souffle créateur de Zao Wou-Ki » et sa démarche de « peindre le mieux possible le vide et le plein, le léger et le dense, le vivant et le souffle », comme il l’écrivait lui-même, rendant ainsi visible l’invisible. Une expérience artistique « qui transcende les frontières culturelles et temporelles ».
■ Jusqu’au 26 mai, aux Franciscaines, à Deauville. Tarifs : 11 € (plein), 8 € (réduit) ou 4 € (solidaire).