Le Pays d'Auge (Édition Sud)

Xavier Gravelaine : « Le club n’a jamais été aussi fort ! »

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Le directeur général du SM Caen se montre satisfait du Mercato mené par le club, dans un contexte incroyable­ment inflationn­iste. Tour d’horizon post 31 août.

« Le Mercato est trop long, il faudrait le réduire d’au moins 15 jours pour terminer vers le 15 août, environ une semaine après le début des championna­ts. Ça rendrait service à plein de clubs, à commencer par les entraîneur­s qui peuvent voir leur effectif chamboulé après la 1ere journée. C’est une réflexion que la Ligue doit mener, mais ça se joue au niveau européen. Même Paris a commencé tard. Le Mercato, c’est un jeu de domino…Quant aux sommes dépensées cette année, elles me choquent surtout pour les joueurs « moyens » qui sont transférés pour 50 à 120 M€. Les stars mondiales comme Neymar, même si le montant peut être choquant, ça ne pose pas de soucis car le transfert est rentabilis­é. Mais c’est une autre planète pour nous. » « On a fait ce qu’on avait dit »

« On voulait régénérer l’équipe pour repartir sur un cycle de trois ans. On a mené une réflexion en amont et on a pris notre temps pour faire ce qu’on avait dit. On avait bouclé 70% du recrutemen­t avant la reprise du championna­t. On fait avec nos moyens, mais c’est la première année qu’on investit autant. On a refait de l’actif avec des joueurs entre 20 et 24 ans comme Djiku, Guilbert, Mbengue, Peeters ou Repas. Concernant ces deux derniers, on avait dit qu’on souhaitait explorer de nouveaux marchés à l’étranger car le système inflationn­iste vaut aussi pour la Ligue 2 et le National. Il faut être patient, comme on l’a été avec Youssef Aït Bennasser, par exemple. Le Mercato c’est un jeu d’équilibre. On ne s’en est pas trop mal tiré, je pense.» « On investit un peu partout »

« Quand on fait une vente, on réinvestit à la fois dans l’effectif mais aussi dans les infrastruc­tures. Il reste quelques travaux à faire dans le stade, le centre de formation est fini, on a fait un terrain hybride pour que toutes les équipes du club puissent s’entraîner sur herbe. Notre centre d’entraîneme­nt devrait être fini fin juillet 2019, si tout va bien (lire encadré). On a toujours 30-31 M€ de budget de fonctionne­ment mais on a 15 M€ de fonds propres pour investir dans les infrastruc­tures jusqu’en 2020. On avance vite, le club est géré comme une entreprise. Quand les infrastruc­tures seront rénovées, d’ici deux ans, on passera à la phase du projet et on pourra investir plus sur l’équipe. Le but est de faire monter le budget à 38 M€ environ dans deux ans. On n’est pas en retard mais aujourd’hui, on ne peut pas mettre plus de 2,5 M€ sur un joueur. Certains clubs proposent des salaires mirobolant­s à deux ou trois joueurs de leur effectif. Chacun sa politique, nous on préfère que ce soit homogène.» « Il faut savoir montrer les dents »

« Si Jean-Victor Makengo et Yann Karamoh nous ont quittés, ce n’est pas dû à une volonté de notre part de faire du fric à tout prix ou de les mettre dehors. Les jeunes joueurs sont sollicités après cinq matches en Ligue 1. Malgré les règlements, des clubs leur proposent des salaires sur lesquels on ne peut pas s’aligner. Les gamins ont alors envie de partir. Il y a aussi l’impatience de l’entourage. Mais on ne rentrera pas dans la surenchère. Les deux cas (Makengo et Karamoh) sont différents. Jean-Victor avait prolongé de deux ans, mais il y a eu une belle offre de Nice et on l’a lâché. On avait un accord pour une certaine somme, ça se fait beaucoup. On n’aura jamais la puissance de mettre des clauses à 25 M€. Yann, lui, ne voulait aller qu’à l’Inter, et n’a pas voulu prolonger comme Jean-Victor. Mais les Italiens ne pouvaient pas payer ce que le président réclamait. On a donc trouvé cette solution (NDLR : Karamoh a prolongé son contrat jusqu’en 2020 avant d’être prêté pour deux ans à l’Inter) pour que l’Inter puisse payer par petits bouts. Ça s’est joué à très peu. Yann aurait très bien pu faire sa dernière année à Caen, quitte à partir libre dans un an. Les joueurs peuvent partir, mais en respectant les règles. Il faut savoir montrer les dents. Désor- mais, le club se fait respecter. Il n’a jamais été aussi fort. » « Les premiers contrats, un gros problème »

« La Ligue doit se pencher sur cette question des premiers contrats pros, c’est un gros problème. C’est un cercle vicieux. On propose des contrats, obligatoir­ement de trois ans, à des joueurs de 16 ans, qui ne sont pas « finis » . Au bout de deux ans, si on veut les prolonger, c’est la surenchère. Avec l’entourage, voire les parents, certains jeunes refusent même de signer des contrats stagiaires ! D’autant que certains clubs français viennent prendre des joueurs dans les centres de formation. Il faut protéger notre formation, nos clubs, notre savoir-faire.» « Pas d’offre pour Da Silva »

« On n’a pas reçu d’offre de clubs pour Damien da Silva. Lui en a peu-être reçu, mais rien n’est arrivé sur notre bureau. Aujourd’hui, les clubs qui veulent un joueur se mettent d’accord avec lui avant de contacter le club propriétai­re. Mais il n’y a aucun souci avec Damien. On est toujours en discussion, ça ne bloque pas. C’est un projet qu’on a depuis de longs mois et qui avance tout doucement. » Propos recueillis par Nicolas

Claich

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