L’arbre qui sème la mort chez les chevaux
La toxine présente dans les graines de l’érable sycomore (en médaillon), provoque chez les équidés une myopathie atypique qui leur est généralement fatale.
Maladie saisonnière qui se caractérise par une dégénérescence sévère des groupes musculaires locomoteurs et respiratoires, la myopathie atypique touche les chevaux au pré, et leur est généralement fatale. La cause, l’absorbion d’une toxine présente dans les graines de certains arbres dont l’érable sycomore. Deux périodes très critiques : le printemps et surtout l’automne. Explications.
Ces petites graines, fruits de l’érable sycomore appelés samares, en forme d’ailettes qui amusent tant les enfants à l’automne car elles tombent de l’arbre en tournoyant à la façon des pales d’un hélicoptère, sont mortelles pour les chevaux. La toxine qu’elles contiennent, un acide aminé appelé « hypoglycine A » , provoque chez les équidés (chevaux de trait, de selle, poneys, ânes et zèbres) qui les ingèrent, une myopathie atypique, nommée aussi myoglobinurie atypique. Elle engendre des désordres biochi-biochi- miques sévères caractérisés par une dégénérescence violente de différents groupes musculaires, dont les muscles intervenant dans la respiration, la posture ou encore le muscle cardiaque. Une mutitude de symptômes
Les premiers symptômes apparaissent très souvent entre 24 et 48 heures après l’ingestion des ces samares. Ils sont multiples, et tous les chevaux ne présenteront pas forcément les mêmes. « Urines foncées, faiblesse généralisée, raideurs, tachycardie (fréquence cardiaquediaque accrue), decubitus laétral (cheval couché sur le flanc), tremblements, sudation ( sueurs violentes) ou hypothermie sont autant de symptômes possibles, » explique le docteur François Grandcollot, vétérinaire.
L’évolution est rapide, la mort pouvant survenir entre 4 et 12 heures après l’apparition des premiers symptômes. Il n’existe à l’heure actuelle ni antidote, ni remède à cette toxine. Seul recours : « réhydratation, soutien des fonction rénale, musculaire et hépatique » , poursuit le véto. « mais ce traitement n’est que qualitatif » . Les chances de guérison sont extrêmement faibles. « Les résultats sont décevants le plus souvent » , confesse François Grandcollot. Selon les statistiques, 75 % des cas de myopathie atypique sont mortels.
Les solutions pour combattre ce fléau sont malheureusement limitées. La première des choses à faire, outre abreuver avec l’eau du réseau et nettoyer régulièrement les abreuvoirs; c’est évidemment, aux saisons à risque, de ne pas laisser les chevaux dans les herbages où figurent des érables sycomores, de les rentrer les jours de pluie ou de grand vent. Et de rester extrêmement vigilant car le danger peut venir des prés voisins, la dissémination des graines par le vent est très importante. Ces petits hélicopthères » qui sèment la mort chez les équidés peuvent en effet parcourir plusieurs centaines de mètres.