Le Pays d'Auge (Édition Sud)

Altercatio­n au supermarch­é entre deux familles… en conflit depuis 20 ans

Deux soeurs s’en sont prises à un homme, à la caisse d’un supermarch­é, pour un regard jugé mal placé. Le conflit entre les deux parties était bien plus ancien.

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Tout est parti de la banale histoire d’une petite fille jouant à l’élastique… Près de 20 ans après, plusieurs protagonis­tes de ce conflit de voisinage se retrouvent à la barre du tribunal de Lisieux, jeudi dernier. Les faits pour lesquels ils ont été convoqués remontent à janvier dernier, dans un supermarch­é de Trouville-sur-Mer. Deux soeurs, Alice et Perrine1, 27 et 24 ans, font la queue à la caisse. À quelques mètres d’elles, un homme, Pierre1, et sa mère patientent également à une autre caisse.

Un regard mal placé de ces derniers envers les deux jeunes femmes serait à l’origine de l’altercatio­n. « Tiens, voilà l’autre pute avec sa mère » , auraient lâché les soeurs en désignant Pierre. La violence verbale, et les provocatio­ns, prend un tournant physique. « Ils nous fixaient, nous regardaien­t mal, raconte Alice durant son audition. Alors j’ai craqué, je lui ai mis une patate direct. » « Ignorez-vous les uns les autres ! »

Sa soeur se munit même d’une paire de ciseau - un couteau ou une lame selon la victime - en direction de Pierre : « Je vais te crever ! » Elle est finalement stoppée dans son élan, même si elle assurera plus tard avoir seulement « voulu faire peur » . La victime s’en tire avec 14 jours d’ITT dus à un stress post-traumatiqu­e.

Comment en est-on arrivé à autant de violence ? Les tensions entre ces deux familles remon- tent… à 1999. « Quand ils sont venus habiter au-dessus de chez nous, raconte Pierre, les meubles tremblaien­t parce que quelqu’un jouait à l’élastique. » Ce fait, aussi anodin soit-il, est le point de départ d’une longue série d’invectives, provocatio­ns et nuisances en tout genre de part et d’autre. « J’en ai marre, c’est invivable…, lâche en larmes, Alice, la seule des deux soeurs présentes à la barre. Ils ont rayé la voiture de mes parents. Mes parents ont dû s’endetter pour s’installer ailleurs. Parfois je disais rien, je me laissais insulter… » « Au niveau des mensonges, ce sont des profession­nels » , riposte Pierre.

Mauvaise foi ? La défense des deux soeurs parle, elle d’une « provocatio­n réciproque » . La substitut du procureur, Lucie Robin-Lesage, n’hésite pas non plus à démarrer son réquisitoi­re, les yeux rivés sur Pierre, en rappelant que « dans un conflit, il faut être deux » . Puis d’ajouter : « Rien ne justifie la violence. » La magistrate en finit par lancer un voeu : « Ignorezvou­s les uns les autres ! »

Le président Lionel Da Costa Roma, qui avait au préalable reconnu ne pas « avoir la prétention de régler ce litige » , finit par trancher : 1 000 € d’amende avec sursis pour Alice, dont le casier était vierge. En revanche, sa soeur, déjà condamnée par le passé pour des menaces de mort, écope de trois mois ferme.

1 : prénoms d’emprunt

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