Le Pays d'Auge (Édition Sud)

Simone Berriau : le parcours exceptionn­el d’une enfant du pays

C’est le parcours exceptionn­el d’une enfant de la commune qui affirmait : « Je savais que je ne pouvais pas avoir un destin ordinaire ». Du Maroc à Paris et la Côte d’Azur, voici l’histoire de Simone Berriau.

-

Née Simone Bossis, le 21 juillet 1896 à Touques, Simone Berriau était une comédienne et chanteuse mais reste célèbre pour avoir été la directrice de l’un des plus beaux théâtres privés parisiens : le théâtre Antoine, aujourd’hui propriété de Laurent Ruquier.

Lorsque ses parents quittent Touques, la petite Simone passe son enfance à Machecoul en Loire-Atlantique. Une salle de spectacle y porte d’ailleurs son nom. À quinze ans, la jeune fille part au Maroc, emmenée par le fils d’un châtelain. Elle épousera pourtant le colonel Henri Berriau, bras droit du maréchal Lyautey et créateur du service des Affaires indigènes et des renseignem­ents et dont elle portera le nom pendant toute sa carrière. Simone Berriau devient veuve en 1918. De ce mariage naîtra, quelques mois plus tard une fille, Henriette, qui deviendra comédienne sous le nom d’Héléna Bossis, avant de prendre la direction du théâtre de sa mère, après la mort de cette dernière.

Retour en France

Après la naissance de sa fille, Simone Berriau quitte le Maroc pour renter en France. Grâce à la famille Lyautey, elle fait la connaissan­ce de Rose Caron, une chanteuse alors grande amie de Georges Clemenceau. Découvrant la qualité de sa voix de soprano de Simone Berriau, Rose Caron lui donne les leçons de chant dans le but de la faire entrer à l’Opéra-Comique où elle débute le 12 juillet 1923 sous le nom de « Simone Berry ». Elle obtient un rôle dans Carmen de Georges Bizet, et y interprète entre autres La Bohème de Giacomo Puccini aux côtés de Lauri Volpi, Le Roi d’Ys d’Édouard Lalo et surtout Pelléas et Mélisande de Claude Debussy.

Fondatrice d’une résidence dans le Var

En 1934, Simone Berriau achète le domaine viticole de Mauvanne à Hyères, où elle reçoit de nombreuses person- nalités, hommes d’État comme le pacha de Marrakech Thami El Glaoui, avec lequel elle entretient une liaison ; ou artistes comme Charlie Chaplin, Louis Jouvet, Colette et Cécile Sorel. Elle fonde par la suite un complexe immobilier, à l’origine réservé aux acteurs, dans la commune des Salins-d’Hyères : Simone Berriau-Plage. (Lire cidessous).

En 1935, un problème de cordes vocales lui fait abandonner le chant, mais n’entame pas pour autant sa carrière puisqu’elle s’est déjà lancée dans le cinéma. Elle tourne une quinzaine de films avec les réalisateu­rs du moment, dont Max Ophüls. Le réalisateu­r allemand lui offre ses deux plus beaux rôles : Divine en 1935 et La Tendre ennemie l’année suivante. Parallèlem­ent, Simone Berriau fonde une maison de production, dont le journalist­e et patron de presse Pierre Lazareff est le directeur général.

Directrice du théâtre Antoine à Paris

En 1943, Simone Berriau prend la direction du théâtre Antoine, l’un des plus beaux théâtres privés parisiens situé boulevard de Strasbourg dans le 10e arrondisse­ment. Elle y crée la quasi-totalité de l’oeuvre dramatique de Jean-Paul Sartre. Elle produit aussi des pièces d’Albert Camus, Luigi Pirandello, Jean Cocteau, Harold Pinter, Arthur Miller… et donne leur chance à de jeunes metteurs en scène comme Peter Brook, qui signe son premier spectacle en France en 1956 avec La Chatte sur un toit brûlant de Tennessee Williams.

Dans les années 1960, elle ouvre aussi le répertoire au théâtre de boulevard avec Marcel Achard, André Roussin, Robert Lamoureux ou encore Françoise Dorin, genre dans lequel triomphent Jacqueline Maillan, Jean Le Poulain ou encore Maria Pacôme.

Simone Berriau meurt le 26 février 1984 dans son théâtre, la veille de la générale du spectacle Nos premiers adieux de, et avec, Roger Pierre et Jean-Marc Thibault. Elle est inhumée au cimetière de Montmartre.

La revanche

« Je rêvais de prendre ma revanche » avouait Simone en évoquant son enfance modeste. C’est chose faite, le théâtre du boulevard de Strasbourg est aujourd’hui le Théâtre AntoineSim­one Berriau.

 ?? ©Studios Harcourt ?? Simone Berriau, l’histoire d’une réussite sociale et profession­nelle éclatante à la veille de la guerre.
©Studios Harcourt Simone Berriau, l’histoire d’une réussite sociale et profession­nelle éclatante à la veille de la guerre.
 ??  ?? Les immeubles portent les noms de pièces créées au théâtre Antoine, dont Simone Berriau était la directrice : La Chatte sur un toit brûlant, Vu du pont ou l’Heure éblouissan­te.
Les immeubles portent les noms de pièces créées au théâtre Antoine, dont Simone Berriau était la directrice : La Chatte sur un toit brûlant, Vu du pont ou l’Heure éblouissan­te.

Newspapers in French

Newspapers from France