Le Pays d'Auge (Édition Sud)

Écarté d’un héritage, il incendie le hangar de son grand-père

Un homme de 27 ans a comparu mardi devant le tribunal de Lisieux pour avoir incendié l’ancien hangar agricole de son grandpère, près de Mézidon. Il avait agi par vengeance, après avoir été écarté d’un héritage qu’il considérai­t comme acquis.

- Julien LAGARDE

Le 15 mai 2016, au MesnilMaug­er, près de Mézidon, un incendie se déclare dans un hangar contenant 250 tonnes de fourrage, 200 tonnes de blé et deux tracteurs. Malgré l’interventi­on d’une vingtaine de pompiers, le bâtiment de 1600m2 est dévasté par les flammes. Les gendarmes concluent d’abord à un accident. Mais une rumeur persistant­e circule dans le village. Elle désigne le petits-fils de l’ancien propriétai­re des lieux comme étant à l’origine du feu. Interpellé en mars 2017 après avoir dégradé le véhicule et le portail de son grand-père, le jeune homme finit par passer aux aveux. C’est bien lui qui a incendié le hangar. Et il a agi par vengeance. Une rancoeur tenace depuis 10 ans

Face aux magistrats du tribunal de Lisieux, cet ouvrier agricole de 27 ans reconnaît les faits. Depuis une dizaine d’années, il nourrissai­t une rancoeur tenace envers son grand-père, coupable selon lui d’avoir vendu les terres dont il devait hériter. « Ce soirlà, j’avais bu, raconte-t-il à la barre. J’ai eu l’idée de mettre le feu au hangar quand je suis passé devant. Il n’y avait rien de prémédité. J’ai allumé une botte de paille avec mon briquet et je suis parti » . Alors que le bâtiment s’embrase, le jeune homme va se coucher comme si de rien n’était… chez son grand-père, à 300 mètres de là. « Le lendemain, quand je me suis réveillé, j’ai regretté ce que j’avais fait » , confie-t-il. Il passe aux aveux 10 mois plus tard

Ses confession­s auprès des gendarmes n’interviend­ront que 10 mois plus tard. « Et encore, il a fallu un nouveau passage à l’acte contre votre grandpère pour que les langues se délient » rappelle la viceprocur­eur, Lucie Robin-Lesage. Le grand- père, présent dans la salle du tribunal, semble lui avoir accordé son pardon. Assis à côté de lui durant le reste de l’audience, il n’a pas souhaité se constituer partie civile. « Ce n’est plus comme avant, mais nous avons encore des contacts » précise le petit-fils. Plus de 300 000 € de préjudice

Pour le nouveau propriétai­re des terres, en revanche, le préjudice est conséquent. Son avocat, maître Ceccaldi, donne quelques chiffres : « Le bâtiment n’a pas encore été reconstrui­t. Il y en a pour 280 000 euros, la com- pagnie d’assurance a versé une indemnité de 115 000 euros. Mon client a été obligé de louer un autre hangar pour 9500 euros. L’incendie a également provoqué une fuite sur le réseau d’eau. Les réparation­s ont coûté 10 106 euros. Je n’oublie pas le préjudice fiscal, lié à l’augmentati­on de ses charges, que nous estimons à 23 930 euros » . « Un jeune homme à fleur de peau »

L’avocat de la défense, maître Piro, assure que le prévenu s’est remis dans le droit chemin. « Il a eu un déclic suite à cette affaire. Ce jeune homme extrêmemen­t sensible, à fleur de peau depuis le divorce de ses parents, est aujourd’hui suivi par un psychologu­e. Il a aussi trouvé un travail » .

Avant le procès de mardi, son casier judiciaire comptait quatre condamnati­ons, dont une pour dégradatio­n. Le tribunal de Lisieux en a ajouté une cinquième. Le jeune homme a écopé de 6 mois de prison ferme, comme le ministère public l’avait suggéré. Les montants réclamés par les parties civiles font l’objet d’un renvoi sur intérêts civils.

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