Le Pays d'Auge (Édition Sud)

Marion Joffle : « C’est un mode de vie, je ne pourrai plus m’arrêter »

- Mathilde GARNIER

La vice-championne de France de nage en eau libre, Marion Joffle, était à l’école Bon Pasteur, lundi, premier jour de la semaine consacrée au challenge « sport et santé ».

Ce n’est pas sans une certaine nostalgie que Marion Joffle, âgée de 18 ans, a retrouvé son ancienne école. « J’étais ici du CE2 au CM2 », raconte-t-elle devant une classe de CM attentive. Si la jeune championne a battu le record féminin (50 km) et masculin ( 60 km) aux 24 heures de natation de Lausanne (Suisse), elle garde les pieds sur terre : « Je prépare une formation BPJEPS AAN - Brevet profession­nel jeunesse éducation populaire et sports Activités aquatiques et de la natation - ça me permet d’avoir un métier sûr. » Une classe charmée

La sportive a néanmoins rencontré des difficulté­s, notamment le 21 avril, lorsqu’en hypothermi­e, elle avait dû renoncer à la traversée de la baie de Douarnenez (Finistère). « C’est mon ancien entraîneur qui m’avait poussé à le faire. Je n’avais pas vraiment l’envie et la motivation. Et, avec le bac en même temps, j’avais du mal à m’y retrouver. » Aujourd’hui, c’est Philippe Fort à L’Ois’eau libre, dans l’Oise, qui l’accompagne. « Ce qui me pose le plus problème, c’est le froid », explique-t-elle.

Loin d’abandonner son rêve, elle a pour projet de traverser la Manche en 2020, dans une eau entre 14 et 15 C°. Lorsqu’elle l’annonce à la classe, c’est la stupéfacti­on générale. « C’est un peu comme Pont-l’EvêqueCaen à la nage », illustre la maîtresse. « Tu seras toute seule ? » demande un élève. Un bâteau l’accompagne­ra, avec provisions à bord, mais interdicti­on « au contact humain et de monter sur le bâteau », précise Marion. Le pilote sera le seul à juger de sa capacité à continuer jusqu’au bout en toute sécurité.

« Pourquoi traverser la Manche ? » demande cette fois une petite fille. Marion revient sur le cancer qu’elle a dû combattre pendant son enfance : « Un doigt m’a été emputé. C’est avec quatre doigts que je marche dans la vie. » Car pratiquer un sport lui a permis, « d’évacuer le stress » , et aujourd’hui de « relacher la pression après une journée de travail. C’est un mode de vie, je ne pourrai plus m’arrêter. »

Avec un régime alimentair­e à base de boissons énergétiqu­es, pommes et bananes, « ce qui est facile à manger dans l’eau » , en hiver, magnésium et vitamines sont ajoutés à son menu. Cependant, elle maintient : « Je n’ai pas de restrictio­ns alimentair­es. Je mange juste équilibré. »

Et pour s’entraîner, elle nage tous les jours pendant deux heures, et en eau libre le dimanche matin « quand je n’ai pas de compétitio­n ».

« Et si vous vous faites piquer par une méduse très puissante ? » s’interroge la classe. « Je me suis déjà fait piquer plusieurs fois ! Avec le froid, on ne sent pas trop », rassure-t-elle devant les visages laissés bouche-bées.

La semaine prochaine, Marion sera déjà loin. Elle partira au Maroc, puis participer­a au championna­t d’Allemagne - « de 0 à 5 C°, aucune Française n’a remporté ce titre jusqu’à présent » , ou encore au championna­t du monde d’eau froide en Estonie.

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Le pompier Vincent Spetly, un parent d’élève, était également de passage à l’école, lundi, pour indiquer les gestes de premiers secours aux grandes sections.
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Marion Joffle et son copain, Benjamin, sont venus à l’école Bon Pasteur, lundi.

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