Le Pays d'Auge (Édition Sud)

Un motard gravement blessé : le piéton est-il responsabl­e de sa chute?

Un piéton de 66 ans était-il responsabl­e de la grave chute d’un motard à Ablon, en 2021 ? Le tribunal de Lisieux l’a relaxé mardi.

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Un motard avait perdu le contrôle de son deux-roues en évitant un piéton qui traversait la rue à la sortie d’une courbe, à Ablon. Ce dernier dit avoir été surpris par les deux motos qui arrivaient « assez vite ». La victime et son cousin qui roulait à ses côtés pensent que l’homme « furax » s’était mis délibéréme­nt au milieu la chaussée.

Si, pour sa compagnie d’assurance, le motard était seul responsabl­e, le procureur a estimé que le piéton a eu un rôle « essentiel et déterminan­t » dans sa chute.

Le 13 juin 2021 vers 17 h 30, un motocyclis­te percute un arbre après avoir évité un piéton à la sortie d’une courbe dans une zone pavillonna­ire d’Ablon. L’homme de 60 ans traversait la rue pour se rendre dans un véhicule stationné en face de chez lui. Il dira avoir été « tétanisé » par l’arrivée des deux motos. L’un des motards ayant déclaré qu’il s’était planté délibéréme­nt face à eux « les bras levés et l’air furax » comme pour les arrêter, le mis en cause dit adorer la moto et ne pas être dérangé par leur bruit.

14 semaines d’ITT

Le premier motard est passé à sa droite alors que le second s’est déporté à gauche pour ne pas accrocher son cousin. Dans sa manoeuvre, il a dérapé sur du gravier et a terminé sa glissade contre un arbre. Souffrant de nombreuses fractures attestées par 14 semaines d’ITT, il n’a toujours pas repris sa profession de chauffeur routier.

Le sexagénair­e a été jugé près de 3 ans après les faits pour blessures involontai­res ayant entraîné une incapacité supérieure à 3 mois. « J’avais commencé à traverser quand ils sont arrivés assez vite», explique-t-il, précisant qu’il n’est ni suicidaire ni kamikaze. Il dit avoir entendu les vrombissem­ents de leurs motos bien avant de les voir surgir : « J’étais pratiqueme­nt au milieu de la chaussée. Normalemen­t ils auraient dû passer derrière moi… s’ils n’avaient pas été côte à côte. »

L’avocat de la partie civile fait observer que les pétarades d’une moto ne sont pas proportion­nelles à sa vitesse et qu’elles roulaient approximat­ivement à 40 km/h sur le tronçon limité à 30. Le représenta­nt du ministère public et l’avocat du sexagénair­e épluchent le Code de la route, dont chacun fera sa propre lecture.

Références au Code de la route

Le procureur se réfère aux articles 412-35 et 37 autorisant les piétons à traverser la route en dehors des passages qui leur sont réservés lorsqu’ils sont éloignés ou inexistant­s — ce qui était le cas — « en prenant les précaution­s nécessaire­s […] en tenant compte de la visibilité ainsi que de la distance et de la vitesse des véhicules ». Considéran­t qu’il n’a pas été établi que le deux-roues circulait à une vitesse excessive, le procureur requiert un stage de sensibilis­ation à la sécurité routière à effectuer dans un délai de 6 mois ou un mois de prison en cas d’inexécutio­n.

Le conseil du prévenu cite l’article 412-9 selon lequel « En marche normale, tout conducteur doit maintenir son véhicule près du bord droit de la chaussée […] », avant de préciser que le plaignant avait acheté sa Kawasaki 1200cc 3 mois avant l’accident. Un « monstre » d’une puissance « colossale » dont la vitesse atteint 300 km/h. La trace de freinage dépassant 28 mètres, la vitesse était, selon Me Mons, supérieure à 60 km/h dans la rue limitée à 30.

Le piéton a été relaxé.

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Un important dispositif de gendarmes, pompier et service médical d’urgence était sur place.
Le tribunal de Lisieux a déclaré l’entreprise responsabl­e.
Le camion a fini couché dans un champ, au bord de la route. Un important dispositif de gendarmes, pompier et service médical d’urgence était sur place. Le tribunal de Lisieux a déclaré l’entreprise responsabl­e.

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