Paniqué, il secoue son bébé
Nous en sommes en mai 2014 à Ploubalay. L’enfant, né deux mois et demi plus tôt, est resté seul avec son père. Il est pris d’un malaise : très enrhumé, il s’étouffe avec ses glaires. Il est amené par les pompiers au CHU de Rennes, où un hématome sous-dural et des hémorragies rétiniennes sont constatés.
Sur le coup, le jeune papa explique que le dossier du transat s’est abaissé soudainement. Mais les médecins sont formels : ce type de lésions est bien caractéristique du syndrome du « bébé secoué ». Placé devant l’évidence, l’homme avoue : paniqué face à la détresse respiratoire de son enfant, il l’a pris par les aisselles sans soutenir la tête et l’a secoué ainsi, trois ou quatre fois. Puis il l’a serré très fort contre son torse, et l’a de nouveau secoué, de bas en haut cette fois.
Fort heureusement, l’hématome s’est résorbé, et l’enfant a marché normalement. Pour l’instant, pas de séquelles visibles. Or, il faudra attendre que l’enfant ait 15 ans pour être certains que l’événement de panique n’ait pas de conséquences dramatiques pour sa santé. Il en a 2.
L’enfant placé en pouponnière
Trois semaines plus tard, l’enfant était placé en pouponnière.
Les parents se sont séparés et sont retournés vivre à Paris chacun de leur côté.
La mère, absente à l’audience, demande 1 € symbolique de dommages et intérêts. À la barre, le père est ému ; il n’a jamais eu d’ennuis avec la justice et se décrit comme un ancien militaire très angoissé.
Mais il est mis en cause : parce qu’il n’est pas tout à fait novice dans la paternité, c’était le deuxième enfant du couple. Et parce que deux semaines avant les faits, un épisode similaire avait eu lieu. Interrogé, il répond : « La maman avait utilisé un mouche-bébé et l’avait amené aux urgences. » - « Ça s’était bien terminé ? Alors pourquoi n’avoir pas refait la même chose ? » lui demande le procureur de la République. Silence. La panique restera le maître mot de cette audience pour le prévenu qui est condamné à 4 mois de prison avec sursis.