Il veut remettre Brocéliande au coeur de la Bretagne romantique
En 2006, ce passionné d’histoire tombe, « un peu par hasard », sur le livre du docteur Georges Bertin « la quête du Saint Graal et l’imaginaire ». Là il a « la surprise de découvrir que l’attribution de la forêt de Brocéliande et de Paimpont était une farce ». À cette date, Christophe Déceneux a 45 ans. Dès lors, il va consacrer 10 ans de sa vie à faire des recherches. Et surtout, décide « de reprendre tout à zéro ». Livres anciens, thèses soutenues, publications sur la légende arthurienne, bibliothèques universitaires, textes fondateurs « faciles à trouver, d’autres plus difficiles, voire très difficile », parfois en vieux français, ou latin, qu’il faudra traduire, tout sera passé au crible. Il va patiemment mener une enquête minutieuse, sérieuse. Remonter aux sources, recouper des écrits, détricoter l’écheveau embrouillé. Et, lance-t-il tout doucement, sans solennité mais l’étincelle dans les yeux, presque comme un secret chuchoté qu’il invite à partager, « je m’aperçois que dans les premiers textes du XIIe et XIIIe siècle, qui sont les textes fondateurs de la légende, ça ne colle pas du tout avec Paimpont ».
« Des affirmations que je prouve »
Sur la longue table en chêne de son vaste bureau bibliothèque, s’éparpillent, empilés dans un désordre tranquille, les nombreux ouvrages qu’il a consultés, déchiffrés. Marquepages, post-it colorés, pas un livre sans qu’ils s’en échappent des tranches. Des repères précis, précieux. Car l’homme, à l’image de sa barbe soigneusement taillée, avance avec une rigueur assurée un à un ses arguments. « La forêt de Brocéliande, ce sont les forêts de Combourg et Dol de Bretagne. Tout ce que j’affirme, je le prouve. Ce n’est pas une thèse ».
Samson, le seul personnage attesté
Il en présente d’ailleurs sur une carte les contours de ce qui reste aujourd’hui de cette immense forêt. Et rappelle que c’est le clerc Geoffroy de Mommouth qui « durant la première moitié du XIIe siècle, va bâtir les fondements du mythe arthurien » en publiant deux ouvrages, un en 1135 « Histoire des rois de Bretagne », complété en 1148 par « La vie de Merlin ». Dans le récit duquel « va apparaître la présence de Saint Samson, évêque de Dol de Bretagne, contemporain d’Arthur dans la légende ». Car, poursuit-il intarissable, « si l’historicité d’Arthur est loin d’être prouvée, et si Guenievre, Merlin, Gauvin, sont des personnages imaginaires, il en est un – et un seul – attesté par les historiens, c’est Samson. »
« Ce n’est pas à Paimpont qu’on peut situer Brocéliande »
Brocéliande, une forêt mythique « qui n’a cessé de faire couler les encres d’auteurs les plus diversement qualifiés ». Alors, ou doit-on vraiment situer Brocéliande ? Pas à Paimpont, « la farce est aujourd’hui dénoncée ». En 1812, poursuit-il vivement, « alors que le grand public ignore majoritairement les romans arthuriens, paraît un ouvrage, Les Chevaliers de la table ronde, qui relancera la mode. Et en 1824, Blanchard de la Musse, un habitant de Montfort sur Meu, s’empare astucieusement de la légende. »
Brocéliande en pays de St-Malo !
Au travers d’écrits, lui, « va construire la légende de Paimpont ». Bien d’autres écrits, que Christophe Déceneux développe et argumente dans son livre « Dol – Combourg et la légende du Graal », viennent, pour lui, étayer la preuve incontestable que Brocéliande n’est pas à Paimpont, mais bien en pays de Saint Malo et Bretagne romantique. Et cite, entre autres et encore, que « la seule localisation conforme au récit du XIIe et XIIIe siècle nous semble celle que rapporte l’écrivain François René de Chateaubriand dans ses Mémoires d’outre-tombe : au XIIe siècle les cantons de Fougères, Rennes, Bescherel, Dinan, Saint-Malo et Dol étaient occupés par la forêt de Brécheliant. »
Un massif forestier aujourd’hui encore présent « dans un rayon de 17 km autour de Combourg, nous avons comptabilisé plus de 5 000 ha de bois et forêts ». Les forêts domaniales de Villecartier, 979 ha, du Mesnil 592 ha et de Coëtquen 557 ha.
« On se moque des touristes »
À 55 ans, Christophe Déceneux ne désespère pas de faire bouger les frontières de la forêt de Brocéliande, renforcé dans cet espoir par ce « que tous les gens sérieux reconnaissaient et affirment que Brocéliande n’est pas dans la forêt Paimpont. » Mais conscient qu’aujourd’hui, « de très gros intérêts économiques sont en jeu. »
Au fond, ce qu’il a du mal à accepter, « c’est que l’on se moque des touristes, la légende du roi Arthur et des chevaliers de la table ronde, ce n’est pas là-bas. Paimpont s’est approprié une légende qui n’est pas la leur. Combourg est au coeur de la légende. Et prive par là même le pays de Saint-Malo et la Bretagne romantique d’un tourisme qui lui revient. Nous avons aussi des intérêts économiques à défendre. » Un silence s’installe. Dans la vaste pièce au deuxième étage, par la porte laissée ouverte passe un souffle d’air. Un rayon de soleil balaye subitement la pièce. Un signe de la présence du roi Arthur ? De Guenièvre ? De la fée Morgane… ? La preuve que Combourg est au coeur de la légende ?
Mise en place par un groupe d’étudiants actuellement en BTS Analyse et Conduite des Systèmes d’Exploitation, au Centre de Promotion Sociale Agricole de Combourg le CPSA (centre de promotion sociale agricole) ouvre ses portes une journée pour parler de la biodiversité. Au programme, des conférences organisées pour traiter de sujets en lien avec la biodiversité, des ateliers avec des intervenants professionnels, comme par exemple un recensement et une identification des insectes avec un entomologiste. Cette porte ouverte sera également l’occasion pour le CPSA de présenter les différentes formations qu’il propose, allant du BAC au BTS dans le domaine agricole, ainsi que dans les métiers du paysage.