Thomas s’éclate en Foot Fauteuil
Comme beaucoup de jeunes garçons de son âge, Thomas, 16 ans, aime le sport. Ce lycéen en seconde professionnelle au lycée Jacques Cartier adore particulièrement le foot. Sauf que pour Thomas, ce n’est plus possible de courir derrière un ballon. Depuis l’âge de 7 ans, il est contraint de se déplacer en fauteuil. La faute à une maladie génétique orpheline, qui s’attaque progressivement à ses fonctions motrices. Pas facile de trouver un sport collectif
Heureusement, il existe depuis de nombreuses années des sections handisports. Thomas s’est ainsi initié à la boccia [activité apparentée à la pétanque, avec des boules en cuir] et à la sarbacane, à Saint-Malo.
Par contre, du côté des sports collectifs, c’est plus compliqué. Voilà 4 ans, il a tout de même trouvé son bonheur, au sein de l’association Din’handisport : le Foot Fauteuil électrique !
Un terrain de hand, des buts de 6 m de large, 4 joueurs par équipe dont un gardien, tous sur un fauteuil électrique équipé d’un pare-chocs, et c’est parti ! Et n’allez pas croire que ce n’est pas spectaculaire : « Le ballon n’a pas le droit de se lever à plus de 50 cm du sol, pour des raisons de sécurité. Mais certains tirs peuvent être très puissants car les fauteuils sont très vifs et rapides », explique Patrice, le père de Thomas, qui est devenu aussi passionné que son fils pour ce sport.
Thomas est l’un des deux gardiens de l’équipe. Un poste qui exige beaucoup de concentration : « Il faut tout le temps regarder où est le ballon et le positionnement des adversaires, pour ne pas laisser de trou dans la défense », souligne Thomas, qui s’éclate comme un fou.
Une sacrée équipe
Quand il a commencé, son équipe évoluaie au niveau National. Puis, l’an dernier, ils sont montés en 3e division. Cette saison, l’équipe visait logiquement le maintien. Résultat : une seule défaite et un nul en 14 matchs. Un titre de champion de France à la clef, avec une nouvelle montée, en Division 2. « C’était l’équipe la plus jeune, avec une moyenne d’âge de 15 ans. Du coup, ils apprennent et progressent très vite », confie Patrice Kervazo.
Déjà cette année, ils affrontaient des clubs de grandes villes comme Toulon ou Nantes. L’an prochain, ils croiseront la route de Lyon, Montpellier ou Lille…
Ce qui ne va pas arranger les déplacements. Pour des raisons pratiques, les championnats fonctionnent via un système de plateaux. Cette saisin, l’équipe de Thomas en a effectué trois à Limoges, Vendôme et Troyes. Un 4e ayant eu lieu à Dinan et la finale d’accession à Toulon. Soit, au final, la bagatelle de 3 800 km parcourus. Et à chaque fois une petite expédition. Car il faut compter deux fauteuils par joueur : celui du match et celui utilisé pour le quotidien. « Le club loue un camion, et nous utilisons en plus un minibus adapté, qui appartient à l’une des mamans de joueur. Chaque déplacement, c’est un week-end complet, avec un départ dès le vendredi ».
Plus qu’un sport, un projet de vie
Mais le sourire de ces jeunes vaut largement ces sacrifices. Car pour Thomas, ce n’est pas simplement un sport, mais « un projet de vie ». Une bouffée d’air dans un quotidien forcément plus compliqué que pour les autres garçons de son âge. « Ils s’entraînent tous les samedis matin à Evran. On est obligé de planquer les ballons pour qu’ils arrêtent », confie son père en souriant.
L’an prochain, c’est donc la 2e division qui attend Thomas. Et qui sait, un jour, la D1 et pourquoi pas l’équipe nationale ? De quoi faire rêver. Même quand on est dans un fauteuil.