Le Pays Malouin

Quand le train booste le marché

- Adélaïde HASLE

Qui seront les Malouins de demain ? La LGV va-telle faire flamber les prix de l’immobilier ?

Acquérir une résidence secondaire à 2h17 de Paris sera désormais possible. L’occasion donc de se laisser tenter par l’achat d’un appartemen­t ou d’une maison sur la côte d’Emeraude. Si toute la côte devrait bénéficier de cette aubaine, c’est Saint-Malo qui tirera son épingle du jeu : « Le quartier de la gare est en pleine valorisati­on. C’est évidemment le quartier dont les prix vont le plus augmenter et ce, dès maintenant. Entre la gare et le Sillon on trouve de très jolis biens et c’est extrêmemen­t bien placé », analyse Alain Gautron, notaire à SaintMalo.

2750 euros le m2

Intra-Muros et Solidor pourraient aussi avoir les faveurs des parisiens. Actuelleme­nt pour un appartemen­t ancien à Saint-malo, comptez 2750 euros le m2 soit un peu plus cher que Rennes et environ 240 000 euros pour une jolie maison. Mais l’effet TGV pourrait bien booster ces prix et dynamiser le marché. « Le fait de pouvoir aller à Paris plus rapidement, le développem­ent du télétravai­l, le coworking sont autant de bonnes raisons de s’installer sur la côte puisque demain on pourra aller au bureau à Paris en moins de 2h17 et donc travailler à la maison le reste de la semaine ou installer son siège social à Saint-Malo et remonter à Paris dans la semaine pour y voir ses clients », continue-t-il. Pour le moment impossible, par contre, de saisir les chiffres d’augmentati­on des prix : « C’est difficile à dire. Ça arrive très vite et en même temps on n’y est pas encore. Nous ne pouvons donc, pour le moment, donner des chiffres sur ce sujet ».

40 % des acquéreurs ne sont pas locaux

Si Saint-Malo peut gagner des habitants (elle fait partie des villes qui en perd), attention au risque d’avoir trop de résidences secondaire­s. Actuelleme­nt, près de 40 % des acquéreurs ne sont pas malouins et un acheteur sur cinq est parisien. « Et ce pourcentag­e pourrait augmenter. La moyenne d’âge des acquéreurs augmente aussi. La plupart d’entre eux a plus de 45 ans ». Une population plus âgée et donc moins dynamique : « C’est tout le challenge de Saint-Malo, il va falloir trouver le bon équilibre ».

Les autres villes devraient, elles aussi, bénéficier de ce gain de temps : Dinard par exemple ainsi que Dol-de-Bretagne, bien placée sur la ligne TGV. Actuelleme­nt, 155 000 euros sont nécessaire­s pour une maison à Dol, il faudra compter un peu plus d’ici la fin d’année prochaine : « Dol par rapport à Saint-Malo ou Paris aura presque la situation géographiq­ue d’une station de RER ».

« Un atout et un handicap »

Michel Penhouët est le maire de Saint-Lunaire. Les petites stations balnéaires de la côte bénéficier­ont-elles de l’effet LGV ? « Évidemment oui nous en tirerons des avantages. Nous avons 1000 résidences principale­s et 1600 résidences secondaire­s essentiell­ement des Rennais et beaucoup de Parisiens. Ceux-là reviendron­t plus souvent. Mais il ne devrait pas y avoir d’effet de masse sur le tourisme pur car il faut bien différenci­er les touristes des résidents secondaire­s : les touristes ne sont que de passage. Les résidents secondaire­s participen­t à la vie locale et ont des attaches fortes ici. Et ce sont ceux-là qui reviendron­t plus souvent ». Mais celui-ci se veut prudent tout de même : « Nous devons garder de la place pour les locaux. L’augmentati­on du foncier peut faire fuir les habitants de la commune qui pourraient ne plus avoir les moyens d’habiter ici. Saint-Malo et Dinard perdent des habitants. Même ici à Saint-Lunaire nous avons perdu 30 habitants entre 2008 et 2013. Le risque c’est que nos bords de côtes ne soient occupés que par des résidents secondaire­s. C’est pourquoi il faut construire des logements pour attirer des familles et éviter ainsi le vieillisse­ment de la population ». Même son de cloche du côté de Patrick Charpy : « Il faut accompagne­r la LGV par une politique volontaris­te de constructi­on de logements pour les Malouins ».

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