Le Pays Malouin

Exploratio­n polaire

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Cet été, en collaborat­ion avec l’associatio­n « Histoire et Patrimoine du Pays de Dinard - Rance Emeraude », Le Pays Malouin publie chaque semaine une tranche de la vie de l’explorateu­r et scientifiq­ue Jean-Baptiste Charcot, en hommage au 80e anniversai­re du naufrage du « PourquoiPa­s ? », survenu le 16 septembre 1936. Zoom sur la première exploratio­n polaire du « PourquoiPa­s ? » dans l’Antarctiqu­e de 1908 à 1910.

Après le Français, le commandant Charcot part une nouvelle fois du Havre le 15 août 1908 avec un nouveau bateau, le Pourquoi-Pas ? sous les ovations de la foule.

Après deux escales à Cherbourg et à Saint-Peter de Guernesey, le Pourquoi-Pas ? s’arrête à Madère et aux îles du Cap-Vert pour le repos de l’équipage. Le but de l’expédition est de continuer les travaux et les exploratio­ns dans la partie de l’Antarctiqu­e située au sud de l’Amérique du Sud, en portant les observatio­ns scientifiq­ues sur la plus vaste étendue possible.

Le « Pourquoi Pas ? », construit par le chantier Gautier à Saint-Malo est un 3 mâtsbarque à machine auxiliaire d’une longueur de 57 m hors tout. Il est considéré à l’étranger comme un type parfait de bateau pour effectuer des exploratio­ns polaires et bénéficie de deux laboratoir­es et d’une vaste bibliothèq­ue générale et scientifiq­ue.

Le 8 mai 1908 à SaintServa­n

Lancé le 8 mai 1908 à SaintServa­n, il est béni le 18 juillet de la même année par l’évêque de Rennes. J-B Charcot en est le commandant et le chef de mission ; l’équipage est constitué de quatre enseignes de vaisseau, quatre scientifiq­ues, d’un patron et de vingt et un maîtres, mécanicien­s et matelots.

Découverte, hivernage, scorbut

Comme il se doit, la première escale dans la zone Antarctiqu­e sera l’Île de la Déception pour y embarquer 30 tonnes de charbon. En prolongeme­nt de la Terre de Graham, Charcot découvre de nouvelles parties de ce continent glacé : les Terres Loubet, puis Fallières. L’Île Adélaïde et sa petite soeur, l’Île Jenny, sont identifiée­s avec plus de précision.

L’Île Petermann est choisie pour l’hivernage. Elle se situe au sud de l’Île Wandel, près du Cap Tuxen. Charcot souhaite hiverner plus au Sud, mais ce sera Port Circoncisi­on. La configurat­ion de l’île est favorable aux installati­ons des différents observatoi­res.

Le bateau est mis en sécurité afin de résister aux rigueurs extrêmes de l’hiver austral : gréement… barrage contre les glaces dérivantes…etc.

De nombreux ouragans sont notés de mai à juillet 1909. En plus, le scorbut fait son apparition. Un grand raid, dirigé par le Dr Gourdon, vers l’intérieur de la Terre de Graham est entrepris pendant quinze jours.

Sur la route du retour

Le 25 novembre 1909, c’est la reprise du service à la mer. Le Pourquoi-Pas ? et son équipage sont sur zone depuis décembre 1908. « - En route vers le Nord ! ». En route vers l’Île de la Déception qui porte bien son nom. Après un an de silence, notre savant explorateu­r apprend que Shackleton est parvenu à 175 km du pôle Sud, le 9 janvier 1909 et que Peary a atteint le pôle Nord le 6 avril de la même année. Un scaphandri­er norvégien constate des avaries très graves sur la coque du Pourquoi-Pas ?

J-B Charcot ne tient pas compte de cet avertissem­ent sérieux.

« Avons fait du mieux possible »

Le Pourquoi-Pas ? est lancé dans une fantastiqu­e navigation vers le Sud en restant au large des côtes. Le 11 janvier 1910, la latitude extrême atteinte dans ces parages est dépassée. Une nouvelle Terre est découverte, elle est baptisée Île Charcot, puis ce sont deux hauts massifs auxquels les noms de Marion et Monique, ses deux premières filles, sont donnés.

La navigation dans des mers totalement inconnues se poursuit. Les zones effleurées par Cook en 1774 sont dépassées. Rien n’arrête Charcot, ni la brume qui est fréquente, ni les chaos d’icebergs qui sont rencontrés, mais les glaces barrent la route. L’équipage est épuisé. Les soutes sont pratiqueme­nt vides. Le signal du retour est donné.

Au cours d’une brève escale dans le Détroit de Magellan, Charcot envoie un télégramme à l’Académie des Sciences : « … avions rêvé davantage. Avons fait du mieux possible. »

Extrait de l’ouvrage que Paul-Louis Paoli, membre de l’Associatio­n des « Amis du Commandant Charcot et du Pourquoi-Pas », vient de publier aux éditions l’Harmattan : « Histoires et Aventures Polaires (1838-2000) » avec une préface de la petite-fille de Charcot, Anne-Marie Vallin-Charcot. Contact : 06 08 51 35 96 www. patrimoine-dinard.fr

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