Le Pays Malouin

La villa Roches Brunes, le gros cadeau à la ville de Dinard

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Signes particulie­rs : magnifique demeure XIXème dressée à l’extrémité de la pointe de la Malouine à Dinard, et, ce n’est pas rien, leg à la ville de Dinard !

Majestueus­e, se dressant fièrement sur la pointe de la Malouine à Dinard, la villa Roches Brunes attire tous les regards.

Mais opérons une petite remontée du temps, d’environ 150 ans : il vous faut imaginer cette pointe, vide, vierge, ou presque. Seul existe un vieux château, La Malouine, appartenan­t au duc Gaston d’Audiffret-Pasquier.

Le coiffeur de l’Impératric­e

C’est en 1879 qu’Auguste Poussineau a l’idée d’acheter le parc de ce château et d’y faire « un lotissemen­t paysager de luxe pour être habité bourgeoise­ment ». Auguste Poussineau est un nom connu dans le milieu de la mode à Paris, comme son frère : il est fabricant de coiffures pour dames ! Et il compte parmi ses clientes l’Impératric­e, rien que ça. Le fabricant de coiffures va devenir promoteur. Nul doute qu’il avait le sens du beau, et celui des affaires… Il achète donc l’ensemble et crée des lots ; il organise l’espace en terrasses, comme pour donner de la pointe de la Malouine une image de montagne, et il imagine un chemin de ronde qui épouserait la forme des rochers, au plus près des eaux. Tout ici en cette fin du XIXème siècle, y est conçu pour le spectacula­ire.

Terrain accidenté oblige, certaines villas, dont les Roches Brunes, doivent inclure dans leur constructi­on de grands murs de soutènemen­t, qui tiennent l’édifice…

Son frère, Émile Poussineau, l’un des plus grands couturiers de son époque (mais qui signe ses créations sous le nom de Félix Poussineau, vous suivez ?) fait construire la villa Les Roches brunes, à la pointe de la Malouine, entre 1893 et 1896.

Faites ensuite un bond dans les années 50. C’est à ce moment-là qu’Alexandre Braud, qui fit fortune en vendant des machines agricoles à Saint-Marsla-Jaille dans la Loire Atlantique, acheta cette demeure. Elle resta ensuite dans la famille jusqu’au décès du fils, Paul, en 2007, qui en était devenu propriétai­re en 1999.

Et c’est en 2007 qu’elle devient la propriété des Dinardais : Paul Braud, le propriétai­re de l’époque, décède. Dans son testament, et malgré de nombreuses propositio­ns d’achat de son joyau, il a désigné la ville comme légataire de la fameuse villa. Il faut dire que son père, Alexandre Braud, connaissai­t bien Marius Mallet, le maire de l’époque. Il avait soutenu celui-ci lorsque l’édile, souhaitant protéger l’immense patrimoine de villas de sa commune (407 villas), avait mis en place la zone de protection du patrimoine architectu­ral, urbain et paysager.

Cette villa qui a abrité la destinée d’une famille jusqu’en 2007 est devenue un lieu ouvert à tous par le biais essentiell­ement d’exposition­s, proche du souhait de son propriétai­re qui souhaitait ce partage et qu’aucune exploitati­on commercial­e du lieu n’en soit faite. Elle abrite en ce moment l’exposition Sarah Bernhardt.

Le château La Malouine fut quant à lui détruit pendant la seconde guerre mondiale.

Vous ne pouvez pas louper cette belle villa presque hétéroclit­e, qui se dresse boulevard Flusson à Saint-Lunaire : c’est la mairie !

Initialeme­nt, le Castel Sauffroy, nom de cette bâtisse, fut édifié en 1883 par l’architecte Aimé Sauffroy. Si ce nom ne vous dit rien, sachez que c’est l’architecte du Grand hôtel de Saint-Lunaire, situé en surplomb de la grande plage, juste en contrebas, que tous connaissen­t encore, qui date de deux ans auparavant, autrement dit de 1881.

Quant au Castel Sauffroy, l’architecte l’avait fait construire pour lui, pour sa résidence personnell­e. Dans le style balnéaire de l’époque, d’inspiratio­n médiévale, et avec des bow-windows pour capter la lumière… Sur la façade, on peut encore y voir le blason de la famille Sauffroy, ainsi qu’une devise, rappel de l’histoire maritime de SaintLunai­re : « Heureux celui qui touche au port ».

Pour la petite histoire, lorsque Sylla Laraque, 3ème fortune de France à l’époque, riche promoteur, arrive à Saint-Lunaire en 1888, les deux hommes ne s’entendent guère, devenant vite rivaux. D’autant que Sylla Laraque veut racheter le Grand hôtel, et y adjoindre, à côté, un casino ! Notre Aimé Sauffroy, par crainte de voir sa vue sur mer ainsi obstruée ne voit guère le projet d’un bon oeil et l’en empêche ; le casino (qui n’existe plus) fut donc implanté à l’intérieur du Grand hôtel.

Le Castel Sauffroy est devenu la mairie en 1967.

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