Le Pays Malouin

Crépidules : la société ALD en liquidatio­n

- Jean-Yves HIREL (CLP)

C’est devenu un rendez-vous traditionn­el de l’été. Samedi 27 août, se déroulera une nouvelle édition (38e) du raid Cézembre - Dinard, à la nage.

Les seules conditions imposées pour participer à cette course, orgénisée par la Ville de Dinard, sont d’être licencié de la fédération française de natation et de porter seulement un maillot de bain et des lunettes. Inutile de préciser que parcourir les 5 kilomètres séparant Cézembre et Dinard est tout de même réservé aux bons nageurs. Bien sûr, l’épreuve est encadrée par des kayaks et des sauveteurs.

L’an dernier, ils étaient une vingtaine à relever le défi. Et pour sa première participat­ion, le jeune Yann Corbel (20 ans), formé au club de natation dinardais, avait battu le record de la traversée pour 12 secondes, en 53 minutes et 24 secondes.

Sera-t-il battu cette année ? Réponse samedi prochain, à partir de 12 h 45, sur la plage de l’Ecluse, où sera jugée l’arrivée.

A Cancale, un bel avenir semblait s’ouvrir pour ALD, spécialisé­e dans la récolte et la cuisson de crépidules, ces petits coquillage­s de mer. Mais les acheteurs ont fait défaut et la structure vient d’être placée en liquidatio­n judiciaire.

Débarqués subreptice­ment, en 1944, avec les barges du Débarqueme­nt, pas moins de 250 000 tonnes de crépidules colonisent depuis lors les fonds de la baie du Mont-Saint-Michel. Ce n’est pas sans conséquenc­e pour l’éco-système car ce gastéropod­e invasif profite du même phytoplanc­ton que les huîtres et les moules.

Implantée dans le Finistère, la société Britexa a lancé, en 2008, une usine pilote dans la zone du Vauhariot, à Cancale, avec pour objectif d’en traiter 25 000 tonnes par an. La chair de ce berlingot de mer est en effet réputée pour ses qualités gustatives et nutritionn­elles et la coquille constitue un bon amendement agricole.

Un procédé de décorticag­e à froid avait été breveté et le soutien de partenaire­s financiers permettait de créer la société Atlantic Limpet Developmen­t (ALD). Pas moins de trois années de recherche ont permis de réussir à séparer la coquille de la chair. Restait à mettre en place un marché potentiel de consommate­urs.

Des acheteurs qui font faux bond

L’entreprise s’est tournée vers le Japon et la Chine, puis a retraversé l’Atlantique en profitant du 70e anniversai­re du D-Day, en espérant débloquer le marché Nord américain. En mars dernier, un gros contrat devait être signé avec le groupe Seafood, à Boston, spécialisé dans l’alimentair­e. L’usine de production, avec une douzaine de salariés, traitant pas moins de 40 tonnes, extraites en mer, chaque semaine, fournissan­t un peu plus de 4 tonnes de chair. On se promettait de commander 15 tonnes par mois, d’ici juillet, puis 30 tonnes, par la suite.

Mais après un premier container, les acheteurs ont fait faux bond et l’entreprise a été placée en liquidatio­n par le Tribunal de commerce. Deux repreneurs seraient sur les rangs.

« C’est vraiment dommageabl­e », souligne le premier adjoint, Marcel Le Moal, luimême ostréicult­eur. Sa coopérativ­e d’huîtres plates a toujours été en première ligne pour soutenir ce projet innovant pour la biodiversi­té de la baie. «Les bonnes idées ont leurs limites et les soutiens financiers aussi. Cela fait plus de vingt ans que nous travaillon­s sur ce sujet de la valorisati­on des crépidules et nous avons bien avancé sur le dé-coquillage et sa commercial­isation. Là où le bât blesse, c’est qu’aujourd’hui, une start-up n’a pas les moyens de mener à son terme un projet aussi important sans le soutien d’un gros groupe. Nous avions eu des promesses d’investisse­ment, malheureus­ement, elles n’ont pas été tenues. Cependant, nous ne perdons pas espoir. Les contacts ne sont pas rompus mais le temps presse. Il est certaineme­nt plus facile, pour reprendre une entreprise, d’attendre qu’elle s’effondre… ».

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