Le Pays Malouin

Portrait, autoportra­it…

- Christophe Penot, commissair­e d’exposition Tous les jours de 11 h à 19 h, chapelle Saint-Sauveur, Saint-Malo (intra-muros). Entrée 6 € ou 3 € pour les moins de 18 ans et les étudiants.

« Valerio Adami. Transfigur­ations. » C’est la grande exposition de l’été, organisée par la Ville de Saint-Malo à la chapelle Saint-Sauveur. Chaque semaine, le commissair­e d’exposition évoque cet artiste mondialeme­nt reconnu. Huitième portrait.

Finalement, après deux mois d’exposition, que savons-nous de lui ? Qu’il n’est pas seulement le représenta­nt surdoué de la Figuration narrative, ainsi que l’affirment les dictionnai­res, mais qu’il incarne d’abord un formidable peintre classique.

L’on aura beau jeu de poursuivre le portrait en rappelant que Valerio Adami a vu le jour à Bologne, en 1935, dans une vieille famille aristocrat­ique. Un homme profondéme­nt latin, profondéme­nt cultivé, que son ami Carlos Fuentes devait admirer tel « un cardinal de la Renaissanc­e ». Façon pour lui d’évoquer un maître « fin, discret, au caractère trempé », ce que ses contempora­ins admettent volontiers. Seul oubli, peut-être : l’instinctiv­e défiance du peintre, habitué de longue main aux scènes de la commedia dell’arte. Est-ce pour cette raison que la plupart des personnage­s jetés sur ses toiles portent un masque ? Sans doute… Un masque pris délicateme­nt entre ses doigts afin d’être présenté sur ce qu’il faut regarder comme le plus mystérieux des tableaux accrochés à Saint-Malo : Autoportra­it. V.A. par lui-même. Une oeuvre en quelque sorte surréalist­e, née d’un dessin lui aussi exposé, dans lequel Valerio Adami donne à voir, sous des jambes robustes, un pied étrangemen­t tranché. Dans quelle intention ? Nul ne le sait. Hormis Valerio Adami, évidemment, dont tous les charmes et sortilèges ne tendent que vers un but : l’art, synonyme du beau.

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