Portrait, autoportrait…
« Valerio Adami. Transfigurations. » C’est la grande exposition de l’été, organisée par la Ville de Saint-Malo à la chapelle Saint-Sauveur. Chaque semaine, le commissaire d’exposition évoque cet artiste mondialement reconnu. Huitième portrait.
Finalement, après deux mois d’exposition, que savons-nous de lui ? Qu’il n’est pas seulement le représentant surdoué de la Figuration narrative, ainsi que l’affirment les dictionnaires, mais qu’il incarne d’abord un formidable peintre classique.
L’on aura beau jeu de poursuivre le portrait en rappelant que Valerio Adami a vu le jour à Bologne, en 1935, dans une vieille famille aristocratique. Un homme profondément latin, profondément cultivé, que son ami Carlos Fuentes devait admirer tel « un cardinal de la Renaissance ». Façon pour lui d’évoquer un maître « fin, discret, au caractère trempé », ce que ses contemporains admettent volontiers. Seul oubli, peut-être : l’instinctive défiance du peintre, habitué de longue main aux scènes de la commedia dell’arte. Est-ce pour cette raison que la plupart des personnages jetés sur ses toiles portent un masque ? Sans doute… Un masque pris délicatement entre ses doigts afin d’être présenté sur ce qu’il faut regarder comme le plus mystérieux des tableaux accrochés à Saint-Malo : Autoportrait. V.A. par lui-même. Une oeuvre en quelque sorte surréaliste, née d’un dessin lui aussi exposé, dans lequel Valerio Adami donne à voir, sous des jambes robustes, un pied étrangement tranché. Dans quelle intention ? Nul ne le sait. Hormis Valerio Adami, évidemment, dont tous les charmes et sortilèges ne tendent que vers un but : l’art, synonyme du beau.