Le Pays Malouin

Frappée par une autre femme pour une « rumeur »

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Elle aurait entendu dire qu’une fille l’aurait traitée de « pute ». Elle va donc lui refaire le portrait, sans plus réfléchir, et écoper de quatre mois de prison avec sursis suite à son jugement la semaine dernière…

Ce jour-là, les deux filles se croisent, suite à un présumé hasard, à Dinan. La victime, une fille d’une petite trentaine d’années, enceinte, n’aura guère le temps de dire ’ouf’ qu’elle est déjà à terre sous les coups de l’autre. « Je lui ai donné plusieurs gifles, puis j’ai dû l’attraper par les cheveux, elle est tombée au sol, et j’ai dû lui remettre quelques coups quand elle était au sol, dont un coup de pied ». Ces faits, c’est la prévenue qui les raconte. « C’était immature de ma part », concède t-elle au juge. Qui cherche à comprendre : « Vous vous rendez compte que vous lui avez cassé le nez ? ». « Ah non certaineme­nt pas, ça je peux vous l’assurer ! Il y avait juste un peu de sang sur la lèvre… », lui rétorque la prévenue. Le souci du détail… Pourtant les photos et l’avis du médecin font bel et bien état d’os du nez fracturé, et d’hématomes conséquent­s sur le visage ayant donné lieu à une incapacité d’aller travailler de six jours.

Pourquoi, au fait ? Parce qu’elle avait entendu dire que la victime l’avait « traitée de pute ». « Mais vous ne vous êtes pas dit que ça pouvait être une rumeur ? », interroge un juge abasourdi. « Ben si, depuis, je me le suis demandé, quand j’y pense c’est peut-être ça», semble réaliser la prévenue.

« Les faits sont extrêmemen­t graves, c’est un déferlemen­t de violence. Et ce qui me choque, c’est l’attitude de déni de la prévenue aujourd’hui, ce n’est pas seulement une mauvaise réaction : frapper quelqu’un, c’est grave, les conséquenc­es peuvent être dramatique­s », assène Me Hellouvry, l’avocate de la victime.

« C’est effrayant de constater que pour un regard de travers, une rumeur, pas seulement les jeunes hommes mais aussi les filles vont frapper sans discerneme­nt. Ici, on a aucune raison valable, les photograph­ies du visage de la victime sont choquantes, visuelleme­nt : c’est un véritable préjudice physique et psychologi­que », accuse la procureure.

La prévenue n’a pas d’avocat. Alors que le juge lui demande si elle a quelque chose à ajouter, elle finit par dire qu’elle regrette.

Elle a été condamnée à quatre mois de prison avec sursis, ainsi qu’à 1300 euros d’indemnisat­ion à l’égard de la victime. V.D.

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