Le Pays Malouin

Des nouvelles de Sing-Sing (bis)

- Recueilli par V.D.

Sing-Sing a été écartée des ondes en janvier 2016, il y a près d’un an et demi maintenant. Quid de la radio si chère à un grand nombre d’auditeurs et de Malouins ? Rencontre avec Yann Heligoin.

Yann Heligoin, que devenez-vous ?

Mon métier, c’est la musique, fondamenta­lement. J’ai choisi la musique. Quand on a un projet comme Sing-Sing, on n’est pas là par hasard… Ceci dit, je poursuis ma collaborat­ion pour RFI, et ça me plaît énormément, surtout lorsqu’ils ont la bonne idée de m’envoyer en Iran, pour y faire des sujets sur les élections en cours. J’y étais la semaine dernière : ça m’a redonné une pêche énorme… Comprendre la chance qu’on a, ici, de pouvoir parler librement, quand en Iran tout est combat ; j’en apprécie d’autant plus les rencontres. Et justement, j’en ai fait plusieurs inouïes, dont deux personnes qui m’ont confié écouter Sing-Sing sur internet, là-bas ! C’était incroyable. L’une d’entre elles était une actrice et auteure qui se bat chaque jour, Mahshad Mokhberi. J’étais admiratif de l’énergie qu’elle déploie pour exister chaque jour… J’ai d’ailleurs ramené une vingtaine des CDs d’Iran, ils sont canons ! Je trouve assez extraordin­aire d’imaginer que là- bas, où certains nous écoutent aussi, on entendra des artistes qui s’écoutent sous le manteau chez eux…

Vous aviez entamé une procédure en justice, pour faire appel de la décision du CSA1 : où ça en est ?

Nous sommes toujours en attente d’une date de jugement devant la cour d’Appel de Paris. On a bon espoir d’une date cette année.

Où en est la mobilisati­on autour du projet Sing Sing ?

C’est le nombre d’adhérents qui est important, car cette adhésion à 2 euros nous permet de dégager des fonds pour les démarches entreprise­s et de faire face aux difficulté­s. Comme vous le savez, les adhésions sont annuelles : fin 2016, on était à 1196 ; on est repartis à zéro en janvier, et on compte à ce jour 381 membres spontanés, puisque nous n’avons pas fait de relance spécifique. On s’y remet, toutefois, on a mis en ligne un formulaire d’adhésion que tous ceux qui le souhaitent peuvent partager, remplir, faire circuler… Parce qu’on ne désarme pas !

Nous recevons aussi des dons, et évidemment, cela fait chaud au coeur. Et les artistes nous soutiennen­t toujours. D’ailleurs, nous avons tenu parole, et grâce à ce soutien, on a pu organiser des concerts l’année dernière, faire vivre la musique et récolter des fonds : Mountain Men, Lek Sen, The Bellrays, Dallas Frasca, Zoufris Maracas, Lisa and The Lips…

Un autre événement prévu prochainem­ent ?

Oui. On espère organiser un autre concert au mois de juillet. On en saura plus d’ici une quinzaine de jours…

Dans quel état d’esprit êtes-vous ?

Je suis toujours très remonté. Le CSA n’a pas joué son rôle en évinçant une radio qui ouvre sur le monde et sur toutes les musiques du monde ; c’est de cela qu’on a besoin : on a vu le danger que représenta­it le Front National aux dernières élections : là, on a parlé de la culture. Mais c’est un combat de toujours, il ne s’arrête jamais. Nous avons besoin d’éclectisme, et que le commercial prenne moins de place, c’est essentiel pour notre société. Alors, parce qu’on est plein à le penser, je ne désarmerai pas. 1. Conseil supérieur de l’Audiovisue­l

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