Lutter contre la surconsommation
Un atelier éphémère à Combourg. Sur le boulevard du Mail, un fléchage permet de guider ceux qui ont souhaité faire la démarche de venir redonner une seconde vie à leurs objets plutôt que de le jeter. Dans l’atelier éphémère, niché au fond d’une petite ruelle, Catherine Guitton, bénévole, accueille les premiers arrivants, un cabas rempli à la main ou un objet entre les bras. Comme Patricia qui débarque avec ses 2 enfants et son aspirateur, Marie-France avec un thermostat de chauffage et un parapluie, ou encore Emelida avec un lecteur CD, un robot de cuisine et des enceintes. Derrière les tables, au fond de la pièce, José, 65 ans, Sylvain, 36 ans, viennent de la Mézière, Daniel, 63 ans, lui, de PleineFougères. Trois bénévoles, chacun dans une spécialité, électrique, informatique, électronique… qui donnent de leur temps, dispensent leurs conseils et manient habilement tournevis et fer à souder.
Entre lien social et partage
L’ambiance est détendue dans ces rendez-vous « Repair Café » développé par le SMITCOM d’Ille-et-Vilaine sur le territoire de la Bretagne romantique. José, en retraite depuis 5 ans, est heureux de venir. Il exerçait dans le commerce : « Je voyais beaucoup de monde et d’un coup ça m’a fait mal d’être tout seul. » Il relève la tête, déboîte avec un sourire le couvercle de la partie électrique de l’aspirateur de Patricia, face à lui. Et le diagnostic tombe rapidement « vous voyez ce petit circuit imprimé, il est défectueux, on pourrait le remplacer, mais ce n’est pas nécessaire. Il suffit de le shunter et votre aspirateur va fonctionner. » Un étonnement admiratif traverse le regard de Patricia.
Sur la table mitoyenne à celle de José, Sylvain, un spécialiste de la maintenance électronique-informatique, ouvre le lecteur CD. Chaque geste qu’il fait est expliqué simplement à Emelida, sa propriétaire, admirative. Lui, ce qui l’inquiète, « c’est la quantité de déchets jetés. Depuis longtemps je me bats contre la surconsommation. Mais aussi contre les fabricants, qui prévoient et installent des composants programmés à lâcher. Cela m’agace particulièrement. Ajoutez à cela les écrans plats qui sont enfouis parce qu’on ne sait pas les recycler » , déplore t-il. À ses côtés, Daniel qui désosse un robot culinaire, répète en boucle, « c’est cela l’obsolescence programmée… » Brusquement, un air de rock s’échappe des enceintes du lecteur CD et envahit la pièce. Emelida lâche un cri de joie, regarde Sylvain comme un magicien, et se met à danser.
Entre bon sens et prise de conscience
« Et s’il y a des pièces à changer » demande Patricia ? Aucun souci pour José, « il faut juste acheter la pièce » . Et Emelida de surenchérir, « c’est normal que l’on paye au moins la pièce. » Avant de partir, Marie-France demande timidement à Sylvain ce qu’elle doit pour sa réparation. « Rien, bien entendu » rétorque Sylvain. Deux frères, Thomas 25 ans et Benjamin, 20 ans, font leur entrée dans l’atelier. Ils viennent se renseigner, « voir comment ça se passe. » Catherine, d’une voix posée leur propose un café et explique la démarche. En quelques minutes, elle vient de faire deux convaincus. Benjamin apportera son micro-onde et sa machine à café qui ne fonctionne plus. Thomas questionne, « vous récupérez du matériel défectueux pour faire un stock de pièces ? » Une question de bon sens à laquelle le SMITCOM et les bénévoles réfléchissent pour l’avenir. Cet aprèsmidi- là, plus d’une vingtaine d’objets ont été réparés. Entre l’obsolescence programmée et le désir grandissant de vouloir allonger la durée de vie de nos objets, c’est cela les Repair Cafés, tordre le cou à ce paradoxe par un acte qui va au-delà de la simple prise de conscience.