Le Pays Malouin

La mairie de St-Malo veut faire payer les ivresses publiques

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Les pouvoirs publics s’en plaignent souvent : à Saint-Malo, et en Bretagne en général, les incivilité­s et délits liés à une consommati­on excessive d’alcool sont trop fréquentes. Elles coûtent cher aussi. Pour la Ville de Saint-Malo par exemple, quand ses agents doivent prendre en charge des personnes ivres. A tel point que la municipali­té malouine envisage de facturer cette prise en charge…

Il n’est pas rare pour les policiers, municipaux ou nationaux, d’être confrontés à des personnes ivres lors de leurs interventi­ons. Ce que l’on sait moins, c’est ce qu’implique ce genre d’interpella­tions. « Quand une patrouille de police municipale constate une personne en état d’ivresse publique manifeste (IPM), elle en rend compte à un officier de police judiciaire et c’est lui qui leur ordonne, ou non, de conduire la personne en cellule de dégrisemen­t », explique Guillaume Loiseau, l’adjoint en charge de la sécurité à Saint-Malo.

Cependant, avant d’emmener la personne interpellé­e au commissari­at, les policiers municipaux doivent la conduire à l’hôpital, pour obtenir un certificat médical de nonhospita­lisation. Pour résumer, un médecin doit vérifier si son état est compatible avec une mise en cellule de dégrisemen­t, ou bien s’il nécessite une hospitalis­ation. « Tout cela demande un temps fou à la police municipale, d’autant plus si les urgences sont pleines à craquer… ».

L’élu a fait ses comptes. La prise en charge pour la mairie comprend le transport de la personne à l’hôpital [pas la consultati­on évidemment] puis au commissari­at, et la mobilisati­on de la patrouille (en général deux ou trois agents), pour une durée d’une heure à une heure et demie en moyenne.

Et comme le temps, c’est de l’argent, public en l’occurrence, Guillaume Loiseau considère que les personnes interpellé­es dans de telles conditions devraient aussi participer à ces frais qu’ils engendrent.

Il compte donc proposer au conseil municipal la mise en place d’une contributi­on (pas une amende) à destinatio­n des personnes prises en charge par la police municipale lors d’une IPM.

« J’y tiens beaucoup, car nous avons de gros soucis à cause de l’alcool. Sans compter que pendant tout le temps de la prise en charge, nos agents ne sont plus sur le terrain. J’espère donc soumettre au vote d’ici la fin de l’année un tarif pour cette contributi­on, pour que la mesure soit effective en 2018 ».

Il rappelle aussi quelques chiffres. En 2015, la police municipale a pris en charge 126 IPM, 83 en 2016 et en compte une soixantain­e pour l’instant en 2017. Il espère aussi qu’une telle mesure aura un impact préventif.

Reste à savoir à combien s’élèverait cette contributi­on, si elle était validée par le conseil municipal. Guillaume Loiseau n’avance aucun chiffre pour le moment. Par contre, il s’est déjà renseigné sur la jurisprude­nce. Ainsi, la commune d’Orléans a mis en place une telle contributi­on depuis quelques années, à hauteur de 120 euros. Elle a dû faire face à divers recours devant le tribunal administra­tif, mais la cour administra­tive d’appel de Nantes lui a finalement donné raison en mars dernier.

Évidemment, ce n’est qu’un ordre d’idée, et rien ne dit que la contributi­on malouine - si elle est adoptée - soit d’un montant similaire. Mais que les fêtards fassent tout de même attention. Car s’il faut rajouter une centaine d’euros à une soirée bien arrosée, ça va commencer à coûter très cher de (trop) picoler !

« Tout cela demande un temps fou » Une contributi­on facturée

Nicolas EVANNO

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