Le Pays Malouin

Mobilisati­on pour un ragondin : est-ce bien raisonnabl­e ?

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Mobilisati­on au parc des Chênes, il faut sauver le ragondin de la mare ! Une associatio­n a été créée, une pétition devrait suivre, pour qu’on n’attente pas à ses jours. Beaucoup d’agitation pour un ragondin, non ?

A Saint-Malo, on se mobilise pour un ragondin. On lui a même donné un prénom, il est si mignon : on l’a prénommé Gaspard.

Etrange manie des hommes, que d’anthropomo­rphiser un animal sauvage, classé dans la catégorie des nuisibles, depuis 1937.

Que ne lui prête t-on pas alors les affres de la solitude ? Le ragondin vit en groupe. Enfin, il est heureux pour ceux qui le protègent que celui-ci soit esseulé : mélangé à ses frères, ou soeurs, il serait devenu compliqué d’identifier Gaspard : rien ne ressemble plus à un ragondin qu’un autre ragondin ; et pour mémoire, l’animal se reproduit vite : de deux à cinq portées par an de cinq petits en moyenne.

Les Malouins qui cultivent leurs terres et connaissen­t bien la nature confirment qu’il est abondant à Paramé, et qu’il est un fléau qui se gorge des coeurs de salades, et creuse des galeries le long des ruisseaux…

Rappelons par ailleurs que les ragondins sont une erreur de casting : il a été importé dans les années 30 d’Amérique du Sud pour ses fourrures… Il n’a donc en nos contrées ni prédateur, ni alimentati­on spécifique, l’écosystème n’ayant pas été conçu pour lui ici. Il détruit les berges là où il passe. Ainsi que les nids d’oiseaux aquatiques. Il est par ailleurs porteur d’une maladie, la leptospiro­se ; c’est la raison pour laquelle un arrêté a été pris, et les chasseurs autorisés, et même encouragés, à veiller à ce qu’il ne se multiplie pas, ce qui est pourtant le cas.

Ainsi, l’étang d’Acigné (la base nautique de la Motte) at-elle été fermée pas plus tard que l’an passé, 7 cas de leptospiro­se ayant été détectés, dont un grave, celle-ci se transmetta­nt à l’homme (et aux autres animaux) notamment par l’urine de ragondins… Un arrêté préfectora­l vient d’ailleurs de déclarer le départemen­t d’Ille-et-Vilaine « colonisé » par le ragondin (30 août 2017), et sa lutte obligatoir­e, contraigna­nt « chacun à procéder à la destructio­n des ragondins ». C’est dire si l’animal est indésirabl­e.

Une vingtaine de Malouins se sont donc constitués en associatio­n, pour « sauver le ragondin Gaspard », et une pétition est en cours, qui devrait être remise aux autorités. Même Alain Berbouche, l’auteur malouin de La Marine royale de la France à la fin de l’Ancien Régime fait entendre sa voix pour l’hôte du parc des Chênes…

V.D.

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