Le Pays Malouin

Comment Colette a « attrapé » la voyance

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Voyante à Saint-Malo, Colette OllivierCh­antrel raconte son incroyable histoire dans un livre, sorti au début du mois. Rencontre.

« La voyance, ça s’attrape comment ? À grands coups de pieds occultes ». Le titre du livre est un peu un résumé de son auteur. Une pincée d’humour, une dose de mysticisme et une jubilation à jouer avec les mots. Et un talent certain pour conter et se raconter. 350 pages, son histoire, pour faire connaissan­ce avec Colette Ollivier-Chantrel, 63 ans, voyante à Saint-Malo depuis la fin des années 80.

Un sacré personnage Colette. De la tchatche, de l’esprit et ce fameux regard perçant, pour ne pas dire troublant. Des yeux bleu clair, virant à l’Émeraude, qui vont si bien au médium qu’elle incarne.

« Je suis morte quinze minutes »

Colette, c’est à l’origine une enfant « un peu à part », dit-elle. « Elle a de l’imaginatio­n cette petite, répétaient les amis de mes parents ». Et jamais sa langue dans sa poche pour confier son ressenti sur les gens, à haute voix. « Et ça se vérifiait souvent ».

Déjà, à l’âge de 15 mois, elle vit une expérience hors normes, d’après ce qu’on lui a rapporté. « Je suis morte quinze minutes ». Une vilaine chute, un jour de Toussaint, la tête la première sur le rebord mesquin d’un arrosoir en zinc. « Mon coeur s’est arrêté de battre, mon corps s’est refroidi et je suis devenu toute molle comme un patin désarticul­é ». Elle restera ainsi 15 longues minutes, jusqu’à l’entrée du cimetière. « Je suis tombée au pied d’une statue qui s’appelait Résurrecti­on. J’ai repris vie devant une autre statue qui s’appelait Espérance ».

Témoin d’étranges phénomènes

Trois décennies plus tard, et après avoir connu d’autres expérience­s mystérieus­es, Colette est une jeune femme comme les autres. Elle tient un institut de beauté Intra-Muros et fréquente un jeune homme.

C’est une femme amoureuse qui va être anéantie brutalemen­t en apprenant la soudaine disparitio­n de son compagnon. « Il est mort le jour de nos 1 an, heure pour heure ».

Colette ne le sait pas encore, mais ce drame sera le point de départ d’une nouvelle vie. « J’étais un zombie, je ne méritais pas de vivre. Et puis, je suis devenue douloureus­ement empathique. Je ressentais toute la détresse des gens que je croisais. Quand je faisais mes courses, ça en devenait intenable ».

Elle raconte alors avoir été témoin d’étranges phénomènes à son domicile. « De lourds volets en bois qui s’ouvrent d’un coup et se ferment aussitôt sous mes yeux ». Quand elle regarde le portrait de son défunt compagnon, « les fleurs posées à côté dans un vase s’agitent ».

Elle vit « très mal » tous ces phénomènes qui lui font « peur » et craindre « une maladie mentale ».

Mais non, selon elle, la médecine ne voit rien à redire. Une voyante qu’elle consulte à Saint-Malo, si. « C’est elle qui m’a dit que j’étais médium ».

Pour Colette, cette révélation lui fait l’effet d’un choc : « Je n’étais pas prête à en faire mon métier. Je basculais d’un statut social vers le domaine de l’irrationne­l. Je n’avais pas envie qu’on me jette des cailloux dans la rue ».

Quelques années plus tard, celle qui porte alors de très longs cheveux noirs sur le dos et des vêtements très sombres, finira pourtant par troquer ses produits de beauté contre cartes et pendule.

Colette Ollivier-Chantrel est depuis officielle­ment voyante. Un métier, dit-elle encore, où foisonnent les charlatans : « 80 % de ceux qui se présentent médium ». Elle, au contraire, dit témoigner en faveur « d’une vraie déontologi­e ». Si on ne peut le vérifier, on peut toutefois lui accorder le bénéfice du doute à en juger comment elle accueille ses clients. « Je leur parle de leur passé et de leur présent. À eux de voir si ça correspond à leur vie. S’ils décident de partir, je ne leur fais rien payer. S’ils veulent rester et en savoir plus, la séance devient payante ». 150 euros pour profiter de son art divinatoir­e. À vous de voir.

Sa. S

Colette Ollivier-Chantrel dédicacera son livre « La voyance, ça s’attrape comment ? » mercredi 4 octobre, de 10h30 à 12h30, à la librairie l’Etagère à Paramé.

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