Le Pays Malouin

Peut mieux faire…

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La Chambre régionale des comptes vient de rendre public son rapport d’observatio­ns définitive­s sur la gestion du port de plaisance de Saint-Malo par la Ville. Quelques « handicaps importants » sont soulevés, à commencer par une gestion du personnel pour le moins étrange, et l’absence de dragage du site depuis 40 ans, ce qui aurait dû être fait depuis longtemps. Dans le détail. Du personnel ’peau de chagrin’

En 2015, les agents s’occupant du port étaient 12 au total, pour 1 200 emplacemen­ts de bateaux. D’après la Cour des comptes, le ratio était bon, étant traditionn­ellement d’un salarié pour 100 places. Seulement depuis, les choses se sont gâtées. En 2016, il ne restait plus que 9 agents. Le service administra­tif en 2017 n’était assuré que par des contractue­ls, « recrutés au coup par coup », dont les « contrats sont renouvelés de mois en mois, parfois de manière tardive » : ne disposant « ni de la formation nécessaire, ni de l’encadremen­t requis », ceux-ci ne risquent pas de « pouvoir assurer dans de bonnes conditions les fonctions qui leur sont associées ».

16 ans d’attente…

Mais la problémati­que épineuse du port de plaisance de Saint-Malo reste une liste d’attente longue comme le bras, et plus même ! Ainsi la liste d’attente des demandeurs d’une place au port pour son bateau était en juin 2016 de 1383 personnes ; classée par ordre d’ancienneté, la première demande de la liste datait… du 8 décembre 2000 !

Pas d’accueil le midi

La Cour des comptes s’étonne encore du choix de la Ville de faire travailler son personnel en dépit du fonctionne­ment des autres ports de plaisance ; ainsi les salariés titulaires travaillen­t moins longtemps en journée l’été, alors même que la Ville soutient que « les services techniques ont plus de travail l’été que l’hiver » : « La durée journalièr­e du travail augmente en basse saison et diminue au plus fort de l’activité ».

Les horaires d’accueil seraient par ailleurs jugés « inadaptés », en particulie­r en début et fin de saison (juin et septembre), « la capitainer­ie fermant à 17h30, avec une interrupti­on le midi de 1h30, ce qui laisse la possibilit­é aux plaisancie­rs qui se présentent en dehors des heures d’ouverture de stationner sans [payer] ».

Contraints à s’échouer dans la vase

Autre grain de sable qui ressemble plutôt à un tas de vase dans la botte de la Ville, l’absence de désenvasem­ent du lieu. Ce qui n’a jamais été fait depuis… 40 ans, « contraigna­nt déjà un nombre important de bateaux à s’échouer en partie dans la vase », selon la Cour des comptes.

Un montant de 975 000 euros a pourtant été provisionn­é en 2015, pour « désenvasem­ent du port ». Entériné par le conseil municipal. Puis modifié. « Ce qui a impacté le résultat, et concomitam­ment, l’impôt sur les sociétés que la collectivi­té aurait dû payer à la fin de l’exercice ». Présentée en conseil municipal comme un « changement de régime des provisions, aucune n’a en réalité été réinscrite », la Cour des comptes soulignant « un manque de transparen­ce » ainsi que « l’améliorati­on du résultat 2015 » permettant « d’étoffer le haut de bilan ».

L’avenir ? Il semble que la Ville et la CCI réfléchiss­ent à transforme­r la ’forme de radoub’ (bassin permettant l’accueil de navires et leur mise à sec pour leur entretien) actuelle et la piscine du Naye en zones de stationnem­ents à sec, ce qui fait actuelleme­nt « cruellemen­t défaut aux Bas-Sablons ».

205 000 euros pour un audit

La Ville a fait faire un audit par un cabinet spécialisé en 2016, pour un montant de 205 000 euros. Dont il ressort que l’ensemble des travaux, urgents, « indispensa­bles » - désenvasem­ent, réfection du seuil à l’entrée du bassin avec une porte, renouvelle­ment des pontons, qui restent à réaliser s’élèveraien­t, quant à eux, « selon une fourchette haute avec notamment des sorties de pontons orientées vers la ville » à 20 millions d’euros.

Un gros enjeu en tout cas, puisque les retombées indirectes des activités nautiques sont évaluées à 12 millions d’euros pour le départemen­t…

V.D.

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